FETE DE LA SAINTE TRINITE (double de Ire classe).

Bénie soit la Très-Sainte Trinité.
          
Les fêtes et les temps que nous avons célébrés jusqu’ici se rapportaient à l’histoire du salut et, particulièrement, à la vie de Jésus-Christ. Ainsi, de Noël jusqu’à Pâques, nous avons parcouru toute la vie du Seigneur. La Sainte Eucharistie que nous avons célébrée durant ces fêtes était, pour ainsi dire, l’accomplissement par la grâce de ces faits du salut. Maintenant, viennent quelques fêtes qui sont d’un genre tout différent. Ce sont des fêtes de la foi. Un mystère de la foi en est l’objet. Dans ces fêtes de la foi, la relation avec le sacrifice de la messe est moins étroite. C’est à l’occasion et en l’honneur du mystère de ces fêtes que l’Église célèbre la Sainte Eucharistie. La première fête de cette série est celle de la Sainte Trinité, qui a pour objet le mystère le plus impénétrable de notre foi.
          
1. Pensées de la fête. — La vérité de foi que célèbre cette fête est la suivante : Il n’y a qu’un seul Dieu, et ce Dieu unique est en trois Personnes ; le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu ; cependant, il n’y a pas trois dieux, mais un seul Dieu, éternel, infini, incompréhensible. Le Père n’est pas plus. Dieu que le Fils et le Saint-Esprit. Le Père est la première Personne divine ; le Fils est la seconde Personne divine, éternellement engendrée de la substance du Père ; le SaintEsprit est la troisième Personne divine, procédant éternellement du Père et du Fils. Ce profond mystère ne peut être approfondi par aucun esprit créé. Nous nous contenterons de nous incliner humblement et de dire : Seigneur, nous croyons ; aidez notre faible foi.
          
Pourquoi célèbre-t-on cette fête précisément maintenant ? Cette fête est la conclusion de celles que nous avons célébrées jusqu’ici. Les trois divines Personnes ont coopéré à l’œuvre de la Rédemption. Le Père a envoyé son Fils sur la terre : “ Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique ”. Le Père nous a aussi appelés à la foi. Le Fils, notre Sauveur Jésus-Christ, s’est fait Homme ; il est mort pour nous ; il nous a rachetés et faits enfants de Dieu. Quant au Saint-Esprit, il est, après le départ du Seigneur, notre docteur, notre chef, notre guide, notre consolateur. Pour tant de bienfaits, nous chantons volontiers un Te Deum. Or, la fête de la Sainte Trinité est comme un Te Deum après les grandes fêtes de l’Église ; elle résume Noël, l’Épiphanie, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte. Mais, en plaçant cette fête le premier dimanche après la Pentecôte, l’Église veut nous rappeler que chaque dimanche, à proprement parler, est une fête de la Sainte Trinité. Chaque dimanche est consacré à la Sainte Trinité. Chaque dimanche, nous devons nous rappeler, avec reconnaissance, les bienfaits que nous a accordés la Sainte Trinité. Le Père nous a créés, il nous a appelés. Le Fils nous a rachetés ; le dimanche est le “ jour du Seigneur Il, le jour de sa Résurrection. Le Saint-Esprit nous a sanctifiés, il a fait de nous ses temples ; c’est un dimanche que le Saint-Esprit est descendu sur la jeune Église. Le dimanche est donc bien un jour de la Sainte Trinité.
          
Nous pouvons encore considérer que notre vie est entièrement pénétrée par la Sainte Trinité, que les sacrements et les bénédictions sont conférés au nom de la Sainte Trinité. Songeons seulement au baptême (“ Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ”), au sacrement de pénitence “ Je t’absous au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ”). La vie des chrétiens commence et s’achève au nom de la Sainte Trinité. C’est pourquoi commençons et achevons chaque oeuvre, chaque prière, par le signe de la croix, avec ces paroles : “ Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ”. Parcourons maintenant les nombreuses prières de l’Église adressées à la Sainte Trinité. Il y a, d’abord, le Gloria Patri “ Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit. Comme il était au commencement, il l’est maintenant et toujours et dans les siècles des siècles ”. Cette prière est, de toutes, la plus fréquemment employée dans l’Église. Chaque psaume se termine par le Gloria, et chaque Heure de l’Office commence par le Gloria. On peut dire que le Gloria est comme le son de cloche régulier qui retentit constamment dans la sainte Eglise. Il est certain que le prêtre le récite une cinquantaine de fois par jour. Le Gloria Patri est la petite doxologie ; la grande doxologie est le Gloria in excelsis, qui est un sublime chant de louange à la Sainte Trinité. Le magnifique “ Te Deum” est, lui aussi, un chant de louange et d’action qe grâces au Dieu unique en trois Personnes. L’Église le récite presque tous les jours à la fin des matines. Il y a encore un grand nombre de prières à la Sainte Trinité ; nous les trouvons réunies à la messe. Il y a encore la profession de foi, le Credo de la messe, qui est à la fois une prière et une solennelle profession de foi à la Trinité. La plus belle prière est la sainte messe elle-même ; c’est une prière de louange, d’action de grâces et de demande au Dieu unique en trois personnes.
                 
2. La messe (Benedicta sit). — La messe est facile à comprendre. L’Introït exprime les pensées et les sentiments du prêtre quand il s’avance vers l’autel, du peuple quand il entre dans l’église. Quand nous pénétrons aujourd’hui dans l’église, nous voyons devant nous, dans sa puissance, sa grandeur et sa beauté infinies, la Sainte Trinité. C’est pourquoi nous chantons : “ Bénie soit la Sainte Trinité, car elle nous a témoigné de la miséricorde Il. Le psaume de l’Introït est un cantique de la nature ; le nom de Dieu (un en trois Personnes) y est célébré parce qu’il est admirable dans tout l’univers, dans les yeux de l’enfant et dans les étoiles du ciel. Dans l’Oraison, l’Église parle d’une double grandeur : une puissante unité et une harmonieuse pluralité dans la Trinité. Cela doit être le modèle de notre vie, de notre caractère, où l’on doit trouver un reflet de la Trinité. Notre vie doit posséder une forte unité, en même temps qu’une belle et aimable harmonie. — Dans l’Epître, saint Paul est rempli d’étonnement quand sa grande foi ose pénétrer dans les profondeurs de la divinité : “ O profondeur de la richesse... ” C’est à peine s’il trouve des mots pour décrire le mystère infini et impénétrable de la Sainte Trinité. Au Graduel et à l’Alleluia, nous entendons un triple “ Benedictus ”. Quand nous examinons de plus près ces textes, il nous faut parcourir un chemin immense : d’abord, nous contemplons Dieu dans les profondeurs de la mer, et, en même temps, nous le voyons trôner au-dessus des chérubins. Nous le considérons, aussi, dans le destin de nos pères. Dans le sort des générations, dans les voies des hommes la Sainte Trinité s’est montrée admirable. — A l’Évangile, nous lisons le passage principal de la Sainte Écriture où les trois divines Personne sont nommées côte à côte. Le Christ donne à ses Apôtres l’ordre de baptiser : “ Allez, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit... ” Quand nous nous rendons à l’Offrande, notre propre personne doit être la victime que nous offrirons à la Sainte Trinité. Quand nous recevons la sainte communion, l’Église nous dit encore : le pain du ciel est un don d’amour de la Sainte Trinité. Le Christ m’a racheté ; le Père, par mon élection, a participé à ma rédemption ; le Saint-Esprit y a coopéré. — Quand nous rentrerons chez nous et pendant toute la journée, que cette pensée retentisse dans notre âme : Bénie soit la Sainte Trinité, car elle nous a témoigné de la miséricorde !