7 OCTOBRE - La fête du Rosaire (double de 2ème cl.)

“Ève avait été l’épine, Marie fut la rose”
      
1. La fête du Rosaire. — La fête est un hommage à la Sainte Vierge en retour de la protection qu’elle accorde à l’Église par l’intermédiaire de la prière du rosaire ; elle fut instituée en mémoire de la magnifique victoire remportée par les armées chrétiennes à Lépante, le 7 octobre 1571, et d’autres victoires sur les Turcs. — Il faut bien distinguer la prière du rosaire de la fête du rosaire. Le rosaire est une prière qui a pris naissance dans l’amour du Moyen Age pour Marie. La légende raconte que cette prière fut instituée par saint Dominique à qui la Mère de Dieu l’avait recommandée comme une arme de protection dans la lutte contre les Albigeois. Le pape dominicain Pie V encouragea vivement la pratique de la récitation du rosaire, et bientôt celui-ci devint la Prière Populaire de Prédilection dans la chrétienté. Il reçut de l’Église les plus hautes approbations et fut enrichi de nombreuses indulgences. Cependant il n’a jamais eu l’honneur de devenir une prière liturgique.
      
2. La Messe (Gaudeamus). — Dans ses parties propres, la messe glorifie la grandeur de Marie (Intr.) et enseigne à réciter le rosaire en méditant les mystères (Or.). Nous demandons la grâce “ d’imiter ce que renferment les mystères du rosaire et de recevoir la récompense qu’ils promettent ”. Dans la Leçon, Marie apparaît sous les traits de la “ Sagesse ” se tenant devant Dieu de toute éternité ; quiconque se met à son école acquiert la perfection et la sagesse. L’Evangile présente le récit à jamais sublime de l’Annonciation, choisi ici parce que l’“ Ave ” est la prière essentielle du rosaire. L’antienne de la Communion fait allusion à la couronne de roses : “ Fleurissez, fleurs, comme le lis ; exhalez votre parfum et verdoyez avec grâce ; chantez ensemble un cantique et glorifiez le Seigneur dans ses œuvres. ”
      
3. Le rosaire et la liturgie. — On nous reproche à nous, amis de la liturgie ; de faire peu de cas du rosaire (ou du chapelet). Est-ce exact ? Nous devons d’abord établir une distinction de principe : La prière des Heures et la messe sont des offices liturgiques, c’est-à-dire le culte public de l’Église. Le rosaire est une prière privée et une dévotion populaire qui est certainement approuvée et recommandée par l’Église. Or une prière liturgique a droit à une plus haute estime qu’une prière privée. Voilà le principe. Il s’agit de deux choses absolument différentes. Mais, ceci posé, le rosaire ne doit pas le moins du monde être mésestimé et dédaigné. Par contre, nous combattons, nous, les disciples de la liturgie, la coutume répandue dans certains pays de réciter le rosaire pendant la messe, car nous désirons que tous les fidèles prennent une part aussi active que possible au Saint-Sacrifice, ce qui ne peut certainement pas être réalisé si l’on récite une prière différente, comme le rosaire. La messe est un sacrifice et un acte, tandis que le rosaire est une méditation et une prière Nous ne nions certes pas que le rosaire puisse être une bonne préparation et un excellent complément de la l’essence des mystères du rosaire, c’est “ la vie, la mort et la résurrection ” du Seigneur, donc l’œuvre rédemptrice du Christ qui est représentée à la messe.
      
Mais nous pouvons encore jeter un pont entre le rosaire et la liturgie. Le rosaire est sorti, avant tout, jadis, de la pensée liturgique de l’ancien temps. On le nomme encore aujourd’hui le psautier de Marie. Les 150 Ave Maria dont il se compose veulent être, pour beaucoup de gens, un bref équivalent de la prière des Heures qu’ils ne peuvent pas réciter, faute de temps, d’aptitude ou de commodité. Le psautier de Marie est donc un “ bréviaire ” plus court et plus simple (un “ office abrégé ”), à côté de l’office général de l’Église.
         
Si nous considérons maintenant les psaumes dans l’édifice de la prière liturgique des Heures, nous voyons aussitôt combien le rosaire et la liturgie ont de points de contact. Le symbole des apôtres se trouve à la fois au début du rosaire et des matines et il revient encore plusieurs fois au cours de l’office. De même, le Notre Père figure au commencement de chaque dizaine du rosaire comme au début de chaque Heure canonique ;il en est de même de l’Ave Maria qui constitue l’essentiel de la prière vocale du rosaire. Chaque psaume se termine par la doxologie en l’honneur de la Sainte Trinité ; de même, chaque dizaine du rosaire finit par le “ Gloire soit au Père... ”. Les quinze mystères du rosaire qui en constituent l’esprit font défiler rapidement devant nos yeux la vie de Jésus et de Marie ; ils nous renvoient directement à l’Evangile, à la Bible ; nous ne pouvons les méditer convenablement qu’en nous référant à la Bible ; en maint endroit, avant la récitation de chaque dizaine, on fait une lecture se rapportant au récit biblique pour faciliter et nourrir la méditation, ce qui est tout à fait dans l’esprit de la liturgie.
       
Par ce moyen nous sommes arrivés à réciter le rosaire selon une méthode qui s’apparente à la méthode liturgique. Celui qui récite le rosaire ne pense pas à chaque Ave Maria ou à chaque mot de la prière ; mais, tandis que ses lèvres prononcent les mots, son esprit, son attention, sa piété sont dirigés vers quelques grandes pensées, vers quelques grandes scènes ou vers quelques grands sentiments, avant tout vers les mystères. Le reste est laissé de côté tout comme chez celui. qui récite les psaumes ou, en général, quelque prière liturgique. Au lieu de s’arrêter aux idées de détail, celui qui récite les psaumes ne fixe souvent son esprit que sur la pensée dominante, souvent même non pas tant sur le psaume que sur le verset qui l’encadre, sur le texte directeur, sur l’antienne. La méthode de prière liturgique n’est donc pas étrangère à celui qui récite le rosaire ; au contraire, ses dispositions d’âme s’harmonisent souvent avec elle. A noter seulement que la prière liturgique des Heures est beaucoup plus riche, plus variée, plus belle, plus profonde, sans parler de la vie puissante qui y règne. Mais la méthode active de la prière liturgique, celle qui remonte à l’origine, la récitation alternée, demeure toujours possible et facile à quiconque a la dévotion du rosaire : il est habitué à prononcer avec exactitude et dignité les prières vocales, tout en se livrant à la réflexion, à la méditation, à la contemplation.
        
Le rosaire peut ainsi conduire à la prière liturgique et aller de pair avec la prière des Heures. Le laïc initié à la liturgie récitera l’une ou l’autre des Heures canoniques, surtout le dimanche ou les jours de fête ; il adaptera alors sa méditation à une lecture soit de la Bible, soit des Pères, soit de la vie du saint. Les jours où il ne récitera pas quelque partie du bréviaire, spécialement aussi les jours de maladie, le rosaire demeurera pour lui un compagnon particulièrement cher. Le psautier de Marie et le psautier liturgique hebdomadaire vont ensemble, amicalement unis. Ils ne veulent pas se poser en adversaires l’un de l’autre. Il y a un immense chœur de prières qui s’unissent : pendant que des multitudes récitent le rosaire sur le globe, d’autres multitudes s’acquittent de la prière liturgique des Heures. Que ce soit un chœur harmonieux de prières et de chants, dont les voix résonnent et montent ensemble avec joie vers le trône de Dieu !
        
4. Les saints du jour. — Saint Marc, pape et confesseur, ne régna qu’une année (336), au temps de l’empereur Constantin, lorsque l’Eglise commença à s’épanouir après l’époque des persécutions. Il fit édifier deux églises.
       
Saint Serge et ses compagnons. — Dans la province d’Augusta Euphratesia (à l’ouest de l’Euphrate supérieur), les saints martyrs Serge et Bacchus. Ils descendaient de la noblesse romaine et ils moururent pour leur foi sous l’empereur Maximien. Bacchus fut battu à coups de nerf de bœuf jusqu’à ce que tout son corps fût lamentablement déchiré ; il mourut en invoquant le nom du Christ. Quant à Serge, on lui mit aux pieds des chaussures dans la semelle desquelles on avait enfoncé un grand nombre de clous saillants. Comme il ne voulait pas renier sa foi, il fut condamné à être décapité. Le lieu où l’on découvrit sa tombe portait le nom de Sergiopolis ; les miracles extraordinaires qui s’y produisirent attirèrent un grand nombre de pèlerins.