7 FÉVRIER - Saint Romuald, Abbé (double)

La pénitence dans l’allégresse du cœur.
     
1. Saint Romuald. — Jour de mort : 19 juin 1027. Tombeau : dans le couvent de Saint-Blaise, à Fabriano. Image : on le représente avec l’habit blanc des Camaldules, avec une échelle céleste sur laquelle ses moines montent au ciel. Sa vie : Saint Romuald, le fondateur des Camaldules, hésita dans sa jeunesse entre Dieu et le monde. Mais son père ayant tué un parent en duel, et lui-même ayant été forcé d’assister à cet acte sanglant, il se retira pour une pénitence de quarante jours dans le monastère de Saint-Apollinaire, près de Ravenne, dans lequel il entra ensuite comme moine. Puis il se mit à l’école du solitaire Marin. Il fonda ensuite un Ordre d’ermites qu’on appela les Camaldules, du nom de son célèbre ermitage. C’est un des Ordres d’hommes les plus sévères de l’Occident (à proprement parler, c’est une branche de l’Ordre des Bénédictins). Les religieux vivent dans des petites maisons isolées, observant un silence et un jeûne continuels, s’occupant à la prière et au travail des mains. Romuald avait la grâce particulière de convertir les pécheurs, spécialement les puissants de ce monde. Il mourut vêtu de son cilice, sans s’être jamais couché sur un lit, après avoir passé sa vie dans la plus dure pénitence. Il était âgé d’un peu plus de soixante-dix ans. Son disciple, le saint docteur de l’Église, Pierre Damien, écrivit sa biographie. “ La grandeur de sa vie consiste dans une conception et un développement austère et simple, bien que toujours original, de sa vocation religieuse. Romuald était, dans le plus intime de son être, un ascète, un moine. Certes, ce n’était pas un moine possédant cette sérénité calme et assurée, cette mesure et cet équilibre, dont saint Benoît a fait l’idéal du moine, idéal, qu’il a lui-même réalisé dans sa vie. Ce n’était pas non plus un organisateur qui, par une législation sage, perpétue son esprit dans son œuvre. Son image nous rappelle les austères figures monastiques des déserts d’Orient. Il nous fait penser à ces hommes qui, par la plus dure mortification et la plus sévère pénitence, donnèrent à un monde débauché, de sérieux exemples, pour l’amener à la réflexion et la conversion. L’exemple de sa vie fut la prédication la plus efficace. Et ce souvenir perpétue la vie de saint Romuald. ”[1] 
     
2. De la vie de saint Romuald. — Romuald, qui n’était pas très habile dans la lecture, se trompait souvent. Aussitôt Marin, qui se tenait en face de lui, lui donnait un coup de baguette sur la joue gauche. A la fin, Romuald trouva que c’était trop : “ Ah ! cher maître ”, dit-il modestement, “ frappez-moi désormais sur la joue droite. Mon oreille gauche est presque sourde. ” Le maître fut surpris d’une telle patience et désormais il modéra ses corrections trop sévères. Il avait coutume de dire : “ Mieux vaut réciter un — psaume avec piété et componction que d’en réciter cent avec un esprit distrait. ” Quand le saint sentit sa fin prochaine, et qu’après tant de pérégrinations, il fut sur le point d’entreprendre le voyage de la céleste patrie, il se retira dans le monastère de Val di Castro. Là il se fit bâtir une petite cellule et une petite chapelle pour attendre la mort dans le silence. Malgré les défaillances de son corps sénile, il ne se coucha pas et, autant que possible, il n’abandonna pas son jeûne austère. Un jour, la respiration devint plus difficile, ses forces l’abandonnèrent et il sentit une grande fatigue. Vers le coucher du soleil, il ordonna aux deux frères qui le veillaient de s’en aller, de fermer la cellule et de ne revenir que pour les Laudes du matin. Cependant, ils restèrent près de la porte et écoutèrent. Au bout d’un certain temps, ils n’entendirent plus de respiration. Ils entrèrent et firent de la lumière. Romuald était décédé comme il l’avait prédit, vingt ans avant, aux frères, dans la solitude et le silence. Aujourd’hui est l’anniversaire de la translation de ses reliques[2] 
     
3. La messe (Os justi) du commun des Abbés. — L’Abbé occupe une place intermédiaire entre les confesseurs pontifes et les confesseurs non pontifes : il est, dans sa famille religieuse, chef et père, mais il ne possède pas la plénitude du sacerdoce comme l’Évêque. Cela est exprimé dans la messe. Nous le voyons comme l’administrateur fidèle qui est placé à la tête de sa “ famille ” religieuse pour lui distribuer en temps voulu la juste mesure de froment (Comm. ; le même verset se trouve au Commun des Pontifes, et des docteurs) ; le religieux a suivi le conseil du Seigneur de la manière la plus fidèle, il a “ tout quitté ”, “ sa maison, ses frères, son père, sa mère et ses champs ”, pour l’amour du Seigneur, c’est pourquoi il aura, plus que d’autres, part à la gloire du retour du Seigneur (Év.). Aujourd’hui, au jour de sa mort, il est entré dans la gloire, “ le désir de son cœur ” a été comblé, il est couronné de la “ couronne de pierres précieuses ” (Grad. Off.). Nous aussi, nous pouvons, à la messe, participer à cette gloire. Dans la leçon, il est question de son élévation à la dignité d’Abbé et du mystérieux dialogue de Dieu avec lui. Rempli de l’esprit de la plus austère pénitence, Romuald fonda un nouvel Ordre d’ermites. Mais il laissa à ses disciples, avec la charge d’expier pour les autres, la joie du cœur et la liturgie commune. Le visage de ce saint austère était si joyeux que tous ceux qui le voyaient se réjouissaient. Dans la liturgie, nous pouvons unir l’esprit de pénitence et la joie. 
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[1] Voir dans “ Bible et Liturgie” II Année p. 145 et sq., une courte biographie psychologique du saint.
     
[2] H. Bibelmeyer : “ De la vie et des souffrances de nos saints ”