“ Bénédictions réservées à l’obéissance ”
1. Saint Placide et ses compagnons.
— Jour de mort : 5 octobre 539. Tombeau : au monastère
de Saint Jean, à Messine. Vie : Placide, étant encore enfant, fut
conduit par son père à saint Benoît pour être consacré à la vie monastique ;
et, pour cette raison, il est la plus remarquable figure parmi les premiers
disciples de saint Benoît. Ainsi, à côté de la haute et vénérable figure du
saint Abbé, prend place le petit Placide, dans l’innocente simplicité de
l’enfant, adoucissant aimablement l’austère gravité qui émane du père de la vie
monacale. Plus tard, saint Benoît l’envoya en Sicile ; il y construisit un
monastère et une église en l’honneur de saint Jean-Baptiste, à proximité du
port de Messine. C’est là qu’il mourut martyr, avec 30 autres moines, de la
main de pirates qui avaient attaqué le monastère. — La Messe est du
commun des martyrs (Sapientiam) ; v. Appendice, p. 988.
2. Extrait de la vie du saint.
— Saint Placide s’acquitta des missions qui lui furent confiées avec toute
l’ardeur de son zèle, mais aussi avec l’inconsidération de la jeunesse. C’est
ainsi que, s’étant approché d’un lac pour y puiser de l’eau et s’étant
fortement penché pour aller plus vite, la cruche, en s’emplissant, l’entraîna.
Déjà les vagues l’emportaient et il était éloigné de la rive d’une portée de
flèche. A l’instant, saint Benoît eut connaissance, dans sa cellule, du danger
qu’il courait et cria à Maur qui était justement occupé à l’extérieur : “
Cours au lac de toute la vitesse de tes jambes ! Placide est tombé à
l’eau. ” Accompagné de la bénédiction de leur père, Maur se précipita,
saisit le jeune garçon par les cheveux et le ramena sur la berge. Mais quel ne
fut pas son effroi lorsque, ayant mis le rescapé en lieu sûr, il se rendit
compte qu’il avait marché assez loin sur l’eau du lac. Seule la parole
impérative du maître avait pu accomplir un pareil prodige. Mais saint Benoît, à
qui il raconta le fait, ne voulut voir, dans cette intervention de Dieu en faveur
de Maur, que la récompense de son obéissance. Alors le petit Placide, sans
qu’on l’y ait invité, prit part à ce pieux débat : “ Tandis que Maur me
retirait de l’eau, je voyais au-dessus de moi l’aumusse de l’Abbé. C’est lui
qui m’a sauvé. ” Personne ne contredit à cette explication : les
disciples savaient trop bien tout ce qu’ils devaient à la prière de leur
maître.[1]
[1] Herwegen : Saint Benoît ; Schwann, Düsseldorf,
1919.