4 JUILLET - Dans l’Octave de Saint Pierre et Saint Paul. (semi-double).

Les deux yeux brillants de Rome.
   
L’octave des deux Princes des Apôtres a ceci de remarquable qu’elle possède plusieurs messes propres différentes, ce qui ne se retrouve que pendant les octaves de Pâques et de la Pentecôte. Autrefois ce cas était fréquent, comme l’atteste le plus ancien missel (le Sacramento léon.).
    
1. La messe (Mihi autem). — Nous célébrons donc aujourd’hui une messe propre dans l’octave. Cette messe s’emploie aussi comme messe votive des deux apôtres. Les parties chantées par le chœur sont celles du commun des apôtres. A l’Introït, nous honorons les saints Apôtres comme les amis de Dieu et comme les princes du royaume de Dieu. La leçon raconte que “ les hommes déposaient leurs malades dans la rue, afin que, quand Pierre passait, ils fussent touchés au moins par son ombre et délivrés de leurs maladies Il. Les( premiers chrétiens nourrissaient une semblable espérance ; aussi se rendaient-ils volontiers aux tombeaux des saints martyrs et notamment des princes des Apôtres, et y offraient-ils le Saint-Sacrifice. L’Eucharistie avait pour eux, aux tombeaux des saints, une double puissance curative qu’elle tenait tant du corps du Seigneur que des reliques du saint. Ils espéraient la guérison non seulement des maladies de l’âme, mais aussi de celles du corps ; c’est pourquoi il leur arrivait de laisser leurs malades pendant la nuit sur le tombeau des saints. L’Évangile présente, lui aussi, le mystère de la messe du jour ; le Christ promet à Pierre, en échange des biens de ce monde qu’il a abandonnés et des épreuves qu’il accepte à sa suite, une participation à sa royauté et à sa judicature, “ quand le Fils de l’homme sera assis sur son trône de majesté ”. L’Église renouvelle cette promesse à la Communion ; elle veut dire par là qu’il y a déjà dans le Saint-Sacrifice une anticipation de cette parousie du Christ et que nous y recevons le gage de la récompense “ au centuple ”. Le Graduel célèbre les Apôtres comme les fils princiers de cette reine qu’est l’Église ; l’Alleluia rappelle l’avertissement du Christ : “ Pierre, une fois converti, affermis aussi tes frères ”. A l’Offertoire, nous voyons les Apôtres entreprendre leurs courses apostoliques.
   
2. La prière des Heures liturgiques. — Dans la prière des Heures, le plus grand prédicateur du Christianisme, saint Jean Chrysostome, nous offre un panégyrique des deux Apôtres et en même temps de Rome (cela est d’autant plus remarquable qu’il était évêque de Constantinople, d’où devait partir, quelques siècles plus tard, le mouvement de séparation d’avec Rome). “ C’est pourquoi aussi j’aime Rome, bien que je puisse la louer pour d’autres motifs, par exemple pour sa grandeur et son ancienneté, pour sa beauté et sa population, pour sa puissance et sa richesse, et non moins pour ses exploits guerriers — pourtant, laissant tout cela de côté, je la proclame bienheureuse parce que, pendant sa vie, Paul s’est montré si plein d’attentions pour elle, parce qu’il l’a tant aimée, parce qu’il a évangélisé ses habitants et qu’il a terminé sa vie parmi eux. Ils possèdent son corps. Et c’est précisément cette raison plus que toute autre qui donne à leur ville son prestige. De même qu’un corps plein de force et de santé possède deux yeux brillants, cette ville, elle aussi, a deux yeux brillants, je veux dire les corps de ces deux saints. -Le ciel n’est pas aussi lumineux quand le soleil répand ses rayons, que la ville de Rome quand elle projette sur toute la terre ces deux éclats fulgurants. C’est là que Paul sortira de sa tombe, et Pierre aussi. Songez avec étonnement au spectacle que Rome verra un jour ! Paul sort tout à coup vivant de sa tombe, et Pierre en même temps que lui, et tous deux se portent à la rencontre du Seigneur. Quelles roses en pleine fraîcheur de floraison Rome enverra alors au Christ ! Quelle double couronne précieuse pour orner cette ville ! De quelles chaînes d’or magnifiques est-elle ceinte ! Quelles fontaines précieuses elle possède ! Voilà pourquoi j’admire cette ville ; ce n’est pas pour la surabondance de son or, ce n’est pas pour ses colonnes, ni pour quelque autre beauté, mais c’est pour ces deux colonnes de l’Église que je l’admire. Qui me donnera maintenant d’entourer le corps de Paul, d’appuyer mes lèvres sur sa tombe, de voir la poussière de son corps qui compléta ce qui manquait aux souffrances du Christ, qui porta ses stigmates et qui propagea partout la prédication de l’Évangile ? ”