31 JUILLET - Saint Ignace de Loyola, confesseur (double).

Tout pour la plus grande gloire de Dieu.
     
La Compagnie de Jésus (ou Ordre des Jésuites) fut destinée par la Providence à être le rempart de la chrétienté contre les hérésies du XVIe siècle. Elle s’est illustrée dans tous les domaines qui intéressent la vie de l’Église, éducation de la jeunesse, ministère apostolique... La flamme ardente de son fondateur s’est propagée par le zèle de ses fils (Ignace signifie “ homme plein de feu ”). Le livre des Exercices de saint Ignace a été l’instrument d’innombrables conversions ; ce petit ouvrage que tous les siècles ne cesseront de relire a déjà suscité plus de saints, a-t-on pu dire, qu’il ne contient de lettres. 
     
1. Saint Ignace. — Jour de mort : 31 juillet 1556. Tombeau : son corps repose à Rome dans l’église du Gesù, près de la première maison professe des Jésuites. Sa vie .. Ignace naquit en 1491. Après avoir été page à la cour d’Espagne, il embrassa la carrière des armes. C’est pendant sa convalescence, à la suite d’une blessure reçue au siège de Pampelune, que se dessina la nouvelle orientation de sa vie. Guéri, il se rendit en pèlerinage à Montserrat, puis à Manrèze où il se soumit à de rudes pénitences et composa son livre des Exercices. Il entreprit ensuite ses études tardives (1528-35), réunit ses premiers compagnons, et, en 1534, dans la chapelle de Montmartre, à Paris, posa enfin les assises de son institut. C’est alors qu’il commença son œuvre de réforme dans toutes les branches de l’activité chrétienne. On l’entendait dire que, si le choix lui en était donné, il préférerait vivre incertain de la béatitude, tout en se dévouant au service de Dieu et au salut d’autrui, plutôt que de mourir avec l’assurance immédiate de la gloire éternelle. Saint Philippe Néri et d’autres le virent, souvent, le visage rayonnant d’un éclat céleste. Enfin, dans sa soixante-cinquième année, après avoir toujours eu sur les lèvres la plus grande gloire de Dieu et constamment agi pour elle, il alla rejoindre son Maître.
     
2. La messe (In nomine Jesu). — Les différents textes de cette messe rappellent très clairement la vie et les maximes du saint. L’Introït reproduit la grande devise de son institut : “ Omnia ad majorem Dei gloriam. — Tout pour la plus grande gloire de Dieu ”. A l’Epître, saint Ignace raconte ses labeurs évangéliques et nous exhorte à l’imiter. L’Évangile, récit de la mission des soixante-douze disciples, le range parmi les grands missionnaires qui parcoururent l’univers au nom du Sauveur. Le texte de la Communion est remarquablement frappant : “ Je suis venu apporter le feu sur la terre, et que désiré-je, sinon qu’il s’allume ? ” Ignem — Ignace ; il fut un vrai Prométhée qui transmit le feu divin à la terre. Et ce feu, où le recevons-nous de nouveau, lorsque notre cœur est froid ? Dans l’Eucharistie. La Secrète nous dit que Dieu “ a placé la source de toute sainteté dans les mystères sacro-saints ”.
     
3. Les manifestations de la dévotion dans le cours des siècles se ramènent à deux types que l’on peut appeler l’un, dévotion objective, et l’autre, subjective. La religion et la dévotion établissent un lien entre Dieu et sa créature. Selon que l’on insiste sur le côté humain ou le côté divin, la dévotion est subjective ou objective. On peut dire, d’une façon générale, que l’Orient aime plutôt la piété objective et plus passive, c’est-à-dire, qu’il se laisse conduire et porter par Dieu, le rôle de l’homme restant à l’arrière-plan. L’Occident est à la fois actif et subjectif. Il veut travailler avec sa volonté, il veut laisser la parole à l’homme, au service du Seigneur. Il faut que l’individu intervienne avec ses émotions. L’Église d’autrefois, pouvons-nous dire encore, aimait la piété objective, tandis qu’actuellement nos tendances vont de plus en plus au subjectivisme. Ignace de Loyola est un des porte-parole de cette piété mettant l’homme en valeur qui prévaut dans la vie intérieure de la plupart des chrétiens aujourd’hui. Assurément nous devons être reconnaissants à saint Ignace de nous montrer les énergies puissantes qui sommeillent en nous, de nous révéler des voies qui épurent et approfondissent notre vie intérieure. Reconnaissons pourtant que la piété liturgique suit d’autres sentiers ; elle insiste davantage sur l’élément divin, social, cultuel, créant ainsi un salutaire équilibre. L’objectif et le subjectif, la société et l’individu, l’activité et la passivité, la grâce et la volonté, tout cela réparti, équilibré et dosé comme il convient, constitue l’idéal vers lequel nous devons tendre. Saint Ignace le résume lui-même fort bien ainsi : “ Dans toutes vos entreprises appuyez-vous sur Dieu, comme s’il devait, seul, tout accomplir sans vous ; et travaillez, néanmoins, avec autant de zèle que si tout le résultat dépendait uniquement de vous ”.