Hors de l’esclavage du démon.
1. Saint Raymond. — Jour de
mort : 31 août 1240. Tombeau : Une discussion s’étant
élevée au sujet du lieu de sa sépulture, on chargea son corps, enfermé dans un
cercueil, sur une mule aveugle qui le transporta à la chapelle de
Saint-Nicolas, aux environs de Portel (Espagne), où il fut enterré. Vie :
Saint Raymond reçut le surnom de Nonnat, c’est-à-dire “ qui n’est pas né ”,
parce que, sa mère étant morte avant sa naissance, on le tira de son corps par
l’opération césarienne. Il entra dans l’ordre de Notre-Dame de la Merci,
spécialement institué pour le rachat des captifs chrétiens. Il fut envoyé en Afrique
où, ses ressources épuisées, il se donna lui-même en otage. Ayant converti par
sa prédication un certain nombre de Musulmans, il fut jeté par les barbares
dans un étroit cachot. Les lèvres percées et cadenassées, il endura longtemps
ce supplice avec beaucoup de patience. Le pape Grégoire IX, informé de ces
faits, le nomma cardinal, alors qu’il portait encore ses vêtements d’esclave.
La mort le frappa subitement à l’âge de 36 ans. Le prêtre qui devait lui
administrer les derniers sacrements tardant à venir, il reçut le saint viatique
de la main des anges qui lui apparurent sous le costume de religieux de son
ordre. Saint Raymond Nonnat appartient à la liste glorieuse des héros qui
sacrifient leur vie pour le salut de leurs frères.
2. La
messe. — C’est
la messe Os justi du commun des Confesseurs. Nous avons reconnu hier
sainte Rose de Lima, et nous avec elle, sous les traits de la jeune vierge qui
attend, dans la nuit, une lampe ardente à la main, l’arrivée de l’Époux qui
l’introduit dans la salle du festin. Aujourd’hui, nous nous trouvons en
présence d’un spectacle analogue : le serviteur vigilant se tient prêt,
dans la nuit, une lampe allumée à la main, pour le retour du maître qui, pour
le récompenser, le fait asseoir à sa table et s’approche pour le servir. Nous
constatons trois points de ressemblance entre ces deux paraboles ; la
lampe allumée, l’attente, et la récompense, Admirons comment l’une et l’autre
symbolisent à merveille la vie chrétienne. La lampe allumée est la vita
aeterna que nous avons reçue au baptême, la fides et devotio (la foi
et le don de soi) ; l’attente est celle de la parousie ; et la
récompense, enfin, le bonheur : éternel qu’on dépeint si volontiers en
effet comme un festin de mariage, — Mais notre parabole aujourd’hui représente en
même temps la messe. Au Saint-Sacrifice, en effet, il est absolument vrai que
le Seigneur vient à nous, le serviteur vigilant, qu’il nous invite à sa table
et nous “ sert en passant” (transiens ministrabit) sa chair et son sang.
On voit, par suite, que la messe est un symbole et une anticipation du festin
céleste ; ici-bas, nous possédons Dieu “ en passant ” là-haut,
ce sera pour l’éternité.