30 JUILLET - Saint Abdon et saint Sennen, martyrs (simple).

Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice.
      
1. Saint Abdon et saint Sennen. — Jour de mort : 30 juillet, vers 250. Tombeau : à Rome, dans le cimetière de Saint-Pontien. Au VIIe siècle, leurs reliques furent déposées dans l’église supérieure. Grégoire IV transporta leurs corps, en 826, à Saint-Marc. Leur vie : Abdon et Sennen étaient Persans. Sous l’empereur Dèce ; accusés d’ensevelir les corps des chrétiens abandonnés à la voirie, ils furent mis aux fers sur un ordre de ce tyran. Comme ils refusaient obstinément d’offrir l’encens aux idoles et proclamaient Jésus leur Seigneur et Dieu, on les jeta dans une étroite captivité. Plus tard, lorsque Dèce revint à Rome, on les fit paraître, chargés de chaînes, à son triomphe. Conduits de force à travers la ville devant les statues des dieux, ils crachèrent sur ces idoles ; ce qui leur valut d’être exposés aux ours et aux lions, mais ces bêtes féroces n’osèrent pas les toucher. Ils furent enfin frappés du glaive ; on leur lia alors les pieds, et on traîna leurs corps devant l’idole du soleil. Les chrétiens les emportèrent secrètement, et le diacre Quirinus les ensevelit dans sa maison, au cimetière de Saint-Pontien. On conserve encore en cet endroit une antique peinture murale qui représente les deux martyrs, en leurs costumes persans, au moment où ils reçoivent du Seigneur la couronne de la victoire.
      
Pratique : “ Ensevelir les morts ”, c’est pour avoir pratiqué cette œuvre de miséricorde temporelle que saint Abdon et saint Sennen rendirent au Christ le suprême témoignage de leur sang. Ils ensevelissaient les martyrs, et, martyrs à leur tour, ils furent également ensevelis par des mains charitables. Ceci nous rappelle le respect qu’il faut avoir pour la liturgie des morts.

2. La Messe (Intret). — Elle est en partie extraite du Commun des martyrs. Les lectures et les oraisons sont propres. Nous trouvons aujourd’hui un bel exemple du caractère dramatique de la célébration de la messe dans les temps anciens. C’est un spectacle composé de quatre scènes distinctes où interviennent, tour à tour, les saints. martyrs, le Christ, le chœur (nous-mêmes) et l’Église. Transportons-nous par la pensée au tombeau de nos martyrs. Au cours de la vigile nocturne, nous avons entendu la lecture des actes des martyrs ; c’est maintenant l’heure de la messe. Les saints sont présents à nos côtés. Le chœur exprime les sentiments qu’il éprouve au cours de l’action. Sentiments humains au début. Nous entendons, rendus avec un grand réalisme, les soupirs des victimes enchaînées, dans les affres de leur prison, nous voyons comment va bientôt couler leur sang. La nature se révolte, elle réclame justice. C’est maintenant l’Église qui parle pour revendiquer les intérêts de ses enfants ; les martyrs ont acquis de grands mérites qui doivent obtenir aux fidèles le pardon de leurs fautes (Oraison). Les martyrs eux-mêmes interviennent alors (à l’Epître, comme assez souvent) ; ils nous encouragent par le récit de leur vie : “ Frères, montrons-nous dignes ministres de Dieu par une grande constance dans les tribulations, dans les nécessités, dans les angoisses, sous les coups, dans les prisons... ” Les saints peuvent prendre ce passage à la lettre, et ils nous exhortent à une sorte de martyre selon nos diverses conditions : “ dans les émeutes, dans les travaux, les veilles, les jeûnes ; par la pureté, par la longanimité, par la bonté... ” Qui que nous soyons, riches ou pauvres, estimés ou méprisés, servons le Seigneur ! De nouveau, les martyrs nous disent ce qu’ils furent pendant leur vie : nous sommes “ considérés comme des imposteurs, et pourtant nous sommes véridiques... comme des mourants, et pourtant nous vivons : comme des pauvres, nous qui en enrichissons un grand nombre ; comme des gens dénués, nous qui possédons tout ”. Cette Épître dans la bouche de nos saints est singulièrement touchante et saisissante. A l’entendre, nous (le chœur), nous nous faisons une idée nouvelle du martyre : “ Dieu est glorifié dans ses saints, admirable dans sa majesté...” (Graduel). Voici enfin apparaître le Christ, Roi des martyrs. Nous l’entendons proférer les béatitudes : “ Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice. Bienheureux êtes-vous lorsque les hommes vous maudissent et vous persécutent. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense sera grande dans les cieux” (Évangile). Le chœur ne sait plus dire autre chose que ces mots : “ Dieu est admirable dans ses saints” (Offertoire). Le Sacrifice peut maintenant commencer, le sacrifice du Christ sur le tombeau des martyrs, double sacrifice bien que ne faisant qu’un dans cette union de la tête et des membres. Notre mère l’Église supplie de nouveau que les liens des martyrs nous délivrent des liens du péché.