3 JUILLET - Saint Léon II, Pape (semi-double).

Un pape liturgiste et un père des pauvres.
     
La fête est transférée depuis 1921 du 28 juin à ce jour ; autrefois on célébrait le 28 juin la translation des ossements de saint Léon 1er à l’église Saint-Pierre ; la fête était désignée sous la rubrique S. Leonis secundo ; de cette dénomination on passa dans la suite par une confusion à saint Léon II[1].
     
1. Jour de mort : 28 juin 683. Tombeau : à Rome, au Vatican. Vie : Le pape Léon II, qui régna de 682 à 683, était originaire de Sicile ; il se distingua par ses connaissances en littératures ecclésiastique et classique de langues grecque et latine, et aussi par sa culture musicale. Il réforma le chant liturgique des hymnes et des psaumes. Il approuva et ratifia les décisions du sixième concile général, qui se tint à Constantinople (680-681) sous la présidence du légat pontifical, en présence de l’empereur Constantin IV, des deux patriarches de Constantinople et d’Antioche et de cent soixante-dix évêques, et il les traduisit en latin. Léon II était un vrai père pour les pauvres : il soulageait les misères pressantes des veuves et des orphelins non seulement par des aumônes et d’autres dons importants, mais aussi par ses conseils et par son action. Pratique : Nous devons “ suivre les exemples de sa vie” (oraison) ; joignons le culte de sa sainte liturgie à l’amour charitable des pauvres. Que l’offertoire, tout empreint de charité, nous y entraîne. Devenons le père ou la mère des pauvres !
     
2. La messe. — Nous célébrons aujourd’hui la messe à Saint-Pierre de Rome, ce qui s’harmonise avec l’octave de la fête. Un successeur du Prince des Apôtres ! La messe (Si diligis) est du commun des Souverains Pontifes. Cf. Appendice, p. 782.
     
3. Le Magnificat. — Considérons aujourd’hui l’emploi liturgique du cantique. Le Magnificat est le point culminant des Vêpres ; la meilleure manière de le comprendre est d’assister aux vêpres chantées ; nous constatons alors que le Magnificat est chanté avec plus de solennité que les autres psaumes et que pendant ce chant on encense l’autel. Le Magnificat est une prière d’action de grâces et l’expression la plus haute d’une reconnaissance débordante de joie. Qui rend grâces ? L’Église et les âmes ; elles empruntent pour exprimer leur reconnaissance les paroles et les sentiments de la créature la plus élevée qui soit au ciel et sur la terre, de Marie ; Marie est pour ainsi dire le représentant et l’interprète de la reconnaissance. Pourquoi l’Église et les âmes expriment-elles leur reconnaissance ? Avant tout pour les grâces rédemptrices de la journée ; en particulier pour la grâce spéciale de la fête : Dieu attache des grâces particulières à chacune des fêtes du cycle liturgique ; les âmes y ajoutent encore leurs actions de grâces personnelles pour toutes les faveurs et tous les bienfaits de Dieu. Le motif de reconnaissance chez Marie et dans l’Église est tout à fait semblable : Marie porte le Sauveur dans son sein ; l’Église porte aussi, mystérieusement, dans son sein le Sauveur avec toutes les grâces de la Rédemption ; l’âme porte le Sauveur en elle-même, soit par l’état de grâce, soit par la communion du matin. — L’Église et les âmes réunissent toutes les grâces de la Rédemption ; elles remercient en chantant et chantent en remerciant Dieu, leur Sauveur. Toutes les actions de grâces et tous les sentiments exprimés par Marie dans ce cantique s’adaptent parfaitement à l’Église et aux âmes :
     
Mon âme glorifie le Seigneur et mon cœur exulte de joie en mon Sauveur (Jésus). Motif : il a abaissé ses regards sur sa petite et pauvre servante : la pauvre âme que le péché originel a fait tomber dans la misère réfléchit à sa concupiscence, à la faiblesse de sa volonté, à son inclination au mal ; aucun droit, fût-ce de pure grâce, à être relevée. Et l’Église n’est-elle pas la pauvre exilée ? — Pourtant Dieu les a relevées et toutes les races de la terre les proclameront bienheureuses : l’Église et les âmes. L’Église est devenue la mère des peuples ; la “ pauvre âme” est devenue le temple de Dieu, l’enfant de Dieu ; quel honneur, quel bien inappréciable que la grâce sanctifiante ! — Qu’il est grand le don que m’a fait aujourd’hui le Tout-Puissant, le Dieu Saint, le Dieu de miséricorde ! L’Église : combien ont été convertis, combien sont devenus les enfants de Dieu, combien sont entrés au ciel ! L’âme : combien de grâces, combien de mérites, et avec cela toutes les grâces de la fête ! Comme il a montré sa toute-puissance, cet Amour victorieux, sa sainteté dans sa victoire sur le péché, sa miséricorde dans le pardon, réservé, il est vrai, à ceux qui lui sont fidèles !
     
Dans la seconde partie, la prière nous donne une leçon et une consolation. La leçon : reste petit, reste un étranger sur la terre, sois humble. Pense au grand modèle : Marie. Il a élevé l’humble servante, il a comblé de ses biens l’affamée. L’enseignement est concis et, pourtant, exprimée en phrases lapidaires, c’est ici la loi essentielle du Royaume de Dieu ; l’idée fondamentale en est l’humilité. Cependant l’Église nous offre aussi une grande consolation : c’est une image saisissante : au dehors les ennemis de l’Église font rage, ils la traînent dans la boue, ils la dépouillent et l’exproprient ; les riches, les repus, les orgueilleux passent, dédaigneux — tandis que dans l’obscurité de la maison de Dieu monte chaque jour vers le ciel sur les nuages de l’encens le Magnificat de la pauvre Église : “ Il disperse les orgueilleux, il renverse les puissants de leur trône, il renvoie les riches les mains vides ”. Et l’Église l’a toujours emporté ; tous les orgueilleux sont tombés de leur trône ; l’Église embrasse du regard un passé de deux mille ans. Quelle consolation pour nous ! Ici encore se réalise la promesse : “ Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ”.
     
Une fois encore remercions Dieu pour notre Rédemption et pour notre élection ! Oui, nous sommes bien “ Israël, son enfant ”. Rappelons-nous avec reconnaissance la fidélité et la miséricorde de Dieu : par le péché nous sommes devenus ses débiteurs — et pourtant il a tenu sa promesse. Aujourd’hui il a contribué une fois de plus à l’accomplissement de ses promesses. — Merci du fond du cœur !
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[1] Schuster, Lib. Sacr., vol. 7, p. 338.