3 JANVIER - Octave de Saint Jean (simple)

C’est le bienheureux Évangéliste et Apôtre Jean qui eut la grâce,

Par suite du privilège de son amour spécial, d’être estimé par le Seigneur plus que tous les autres Apôtres (Rép.).

1. Le jour de la fête, nous avons vu saint Jean surtout dans la suite du Roi portant l’étendard des âmes virginales. Aujourd’hui, au jour de son Octave, nous contemplons sa personne et son importance pour l’Église. Il est vraiment le grand docteur dont le Seigneur “ a ouvert la bouche au milieu de l’Église ” (Intr.). Saint Jean a exercé, dans la suite, une grande influence sur la constitution de la liturgie. Son portrait du Christ est celui de notre liturgie : “ Parmi les quatre Évangiles, ou pour mieux dire, les quatre livres du même Évangile, saint Jean, qui, à cause de son élévation de pensée, est à bon droit comparé à un aigle, a donné une doctrine plus élevée et plus sublime que les trois autres. Et il veut que, dans sa sublimité, nos cœurs aussi s’élèvent... Car les trois autres Évangélistes ont, pour ainsi dire, suivi l’Homme (le Christ) dans son cheminement terrestre et ne nous ont dit que peu de choses de sa divinité. Quant à saint Jean, comme s’il dédaignait de marcher sur la terre, il s’est élevé dès le début de son Évangile non seulement au-dessus de la terre et de toutes les sphères de l’air et du ciel, mais encore au-dessus des phalanges angéliques... et est arrivé, ainsi, jusqu’à Celui par qui tout a été fait ” (Saint Augustin ; au bréviaire d’aujourd’hui).

La liturgie nous montre presque chaque jour Notre Seigneur en trois images que saint Jean a tracées : le Verbe (le Logos), l’Agneau et le Roi. Chaque jour à la messe, nous lisons le Prologue de saint Jean qui nous élève jusqu’aux hauteurs inaccessibles de la divinité dont nous scrutons les profondeurs, et à la fin nous tombons à genoux à cette parole : “ Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ”. Chaque jour, au Gloria in excelsis et à l’Agnus Dei., nous chantons l’Agneau divin qui “ enlève les péchés du monde ”. Saint Jean a recueilli cette image du Seigneur qui lui est chère des lèvres de son premier maître Jean-Baptiste, comme un précieux héritage que, toute sa vie, il a gardé fidèlement, comme nous pouvons nous en rendre compte dans l’Apocalypse. Cette image est le plus parfait symbole du Christ s’immolant au Saint-Sacrifice de la messe. L’image du Christ-Roi se trouve également chez d’autres auteurs sacrés (saint Paul, saint Pierre). Cependant c’est saint Jean qui la présente de la façon la plus constante dans son Évangile et dans son Apocalypse.. Rappelons-nous que cette image apparaît dans chaque conclusion d’oraison :“ qui vit et règne ”. Dans nos prières d’aujourd’hui, demandons une étincelle de cet amour du Christ qui animait le disciple de amour.

2. Lecture d’Écriture (Rom. chap. VI). — Saint Paul explique maintenant que le chrétien n’a plus rien à faire avec le péché, car 1° le vieil homme a été enseveli au Baptême avec le Christ et un homme nouveau est sorti de l’eau, 2° il a été crucifié avec le Christ et est ressuscité avec lui. Il s’ensuit qu’il est mort pour toujours au péché. “ Comment pouvons nous, nous qui sommes morts au péché, vivre encore dans le péché ? Ou bien ne savez-vous pas que nous tous, qui avons été baptisés dans le Christ, avons été baptisés dans sa mort ? Nous avons été ensevelis avec lui par le Baptême dans sa mort, afin que, de même que le Christ est ressuscité des morts, nous marchions dans la nouveauté de vie par la gloire du Père... Car si nous avons été greffés sur lui dans l’imitation de sa mort nous le serons aussi dans la ressemblance de sa résurrection. Alors nous reconnaissons que notre vieil homme a été crucifié avec lui afin que le corps de péché soit détruit et que nous ne servions plus le péché... Mais si nous sommes morts avec le Christ, de même, nous le croyons, nous vivrons avec lui... ” (Dans ce verset se trouve le germe de la liturgie de Pâques). Saint Paul complète son exposé par l’image de la situation d’esclave. Auparavant nous étions les esclaves du tyran qu’est le péché, les fruits étaient des actes dont nous devons rougir, la fin en était la mort. Maintenant nous devons nous placer tout à fait dans le nouveau service. Les fruits en sont une vie sainte et la fin en est la béatitude éternelle : “ Car le salaire du péché est la mort, mais le don de la grâce de Dieu est la Vie éternelle dans le Christ Jésus Notre Seigneur. ”