“ Qui est semblable à Dieu ? ”
1. L’Archange saint Michel. —
La fête d’aujourd’hui est à proprement parler la dédicace d’une église
consacrée à saint Michel, à Rome, sur la via Salaria ; elle est mentionnée
aujourd’hui encore dans les livres liturgiques : In Dedicatione S.
Michaelis. Actuellement, elle est considérée, il est vrai, par la chrétienté,
comme une fête d’ange. — Saint Michel est parmi tous les anges le plus connu et
le plus souvent cité. Il est le chef des milices célestes dans le combat contre
Lucifer et ses suppôts. Le nom de l’Archange signifie : “ Qui est
semblable à Dieu ? ” Il était considéré comme l’ange protecteur de la
synagogue (Dan., X et XII), et l’Église catholique l’honore aussi comme son
protecteur ; c’est lui qui introduit les âmes des défunts en paradis (voir
l’offertoire de la messe des morts). Sa fête est la plus ancienne fête d’ange ;
jadis, c’était l’unique. — La liturgie dessine avec un art consommé le portrait
de l’Archange dans son triple rôle au service de l’Église : comme
combattant, comme intercesseur et comme guide.
a) Le plus souvent, nous le voyons dans le combat
contre Satan : “ Tandis que l’archange Michel luttait contre le dragon,
une voix retentit qui disait : Salut à notre Dieu, Alleluia ” (2e
ant. de Laudes). — “ Un silence se fit dans le ciel quand le dragon
engagea la guerre contre l’archange Michel ; on entendit alors des millions
de voix crier : Salut, gloire, force au Dieu Tout-Puissant ! ” — “
Chaque fois qu’un exploit extraordinaire doit être accompli, Michel est envoyé
afin que l’on reconnaisse, à l’intervention et au nom de l’ange, que personne
ne peut faire ce que Dieu seul a le pouvoir de faire. Cet antique ennemi, qui,
dans son orgueil, voulut être semblable à Dieu, s’écria donc : Je monterai
au ciel, j’établirai mon trône au-dessus des étoiles du ciel, je serai
semblable au Très-Haut. A la fin du monde, il sera laissé à sa puissance pour
recevoir le suprême châtiment. Alors il combattra contre l’archange Michel,
comme le dit saint Jean : Un grand combat s’éleva contre l’archange
Michel. ” (Saint Grégoire, au second nocturne). “ Nombre de merveilles nous
sont racontées de l’archange Michel, qui, courageux dans le combat, a remporté
la victoire. ” (9e ant. de matines). “ Saint Michel archange,
défendez-nous dans le combat afin que nous ne périssions pas dans l’effroyable
jugement. ”
b) Saint Michel est aussi pour l’Église un intercesseur :
La liturgie se le représente volontiers près de l’autel avec un encensoir,
intercédant pour l’Église et transmettant ses prières. “ L’ange se tint près de
l’autel du temple, ayant à la main un encensoir d’or. On y plaça de l’encens et
la fumée de l’encens s’éleva jusqu’au trône de Dieu, Alleluia. ” (Offert.). “
Archange Michel, glorieux prince, souviens-toi de no :us : prie pour
nous maintenant et toujours le Fils de Dieu, Alleluia, Alleluia. ” (Ant. de
Magn.). “ La fumée odorante mon a de la main de l’ange jusqu’à Dieu. ” (Répons),
“ Celui-ci est l’archange Michel, le chef de la milice des anges ; son
culte apporte aux peuples de riches bénédictions et son intercession conduit au
royaume des cieux. ” (Répons). “ En ce temps-là, se lèvera Michel qui
répond pour vos fils. ” (Répons).. “ L’archange Michel vint au secours
du peuple de Dieu ; il répondit charitablement pour les âmes des justes. ”
c) La troisième mission de notre archange est
également très belle ; il en est question dans les paroles mystérieuses de
l’Offertoire de la messe des morts : “ Seigneur Jésus-Christ, Roi
de gloire, délivre les âmes de tous les fidèles trépassés... de la gueule du
lion, afin que l’enfer ne les engloutisse pas..., mais que bien plutôt ton
porte-étendard, saint Michel, les conduise dans la sainte lumière... ” “
Archange Michel, je t’ai établi comme prince pour introduire les âmes dans la
patrie. ” (3e ant. de Laudes).
2. La Messe (Benedicite). — La
liturgie ne se borne pas à célébrer aujourd’hui saint Michel, mais elle
envisage tous les anges, spécialement ceux qui sont préposés à la protection
des hommes (v. l’Oraison). A l’Introït, nous invitons tous les
anges à louer Dieu" en précisant qu’ils accomplissent la volonté de Dieu.
La Leçon est empruntée au début de l’Apocalypse ; bien que, dans ce
passage, il soit deux fois question des anges, la liturgie a en vue le livre
tout entier (le début pour le tout — un principe cher à la liturgie).
L’Apocalypse est vraiment un livre des anges ; en aucun autre livre de la
Sainte Écriture il n’est parlé aussi souvent des anges. La pensée fondamentale
de la leçon est celle-ci : Les anges s’emploient avec zèle à faire porter
ses fruits à l’œuvre de la Rédemption et à lutter contre l’ennemi
infernal ; saint Michel est à leur tête. L’Evangile lui aussi aide
beaucoup à comprendre pleinement les textes liturgiques ; la péricope n’a
été choisie qu’à cause de la dernière phrase : Les anges des petits (ce
sont les enfants de Dieu) sont des avocats et des défenseurs devant le trône de
Dieu. Comme est bien exprimée par ce seul mot (et surtout quand on l’oppose à
l’idée de séduction) l’importance des anges dans l’affaire de notre
salut ! Particulièrement significatif est le ministère des anges
thuriféraires à l’autel, auquel fait allusion J’antienne de l’Offertoire
(à la messe solennelle, on encense l’autel).