29 AOUT - Décollation de saint Jean-Baptiste (double-majeur). - Sainte Sabine, martyre.

Il faut que lui grandisse, et que moi je m’efface.
1. Décollation de saint Jean-Baptiste. — Outre la naissance du Précurseur, fête principale de saint Jean Baptiste (24 juin), l’Église célèbre encore son martyre. D’après le martyrologe, c’est aujourd’hui le jour “ de la seconde découverte de son chef vénérable ”. Le corps de Jean-Baptiste fut enterré à Samarie. En 362 les païens profanèrent son tombeau et brûlèrent ses restes. Des moines parvinrent seulement à en sauver une petite partie qu’ils remirent à saint Athanase d’Alexandrie. On montre en divers endroits les principales reliques du Précurseur. Celles qu’on honore dans l’église Saint-Sylvestre, à Rome, appartiennent à un prêtre martyr du même nom. On vénère aussi à Breslau le chef de saint Jean-Baptiste. Nous aurons particulièrement soin de relire aujourd’hui les passages des trois Synoptiques qui relatent le martyre du Précurseur, une des scènes les plus dramatiques de la sainte Écriture. (Marc — auquel la messe emprunte l’Évangile — VI, 14-29 ; Matthieu, XIV, 1-12 ; Luc, III, 19-20 ; IX, 7-9).
2. La Messe (Loquebar). — Une messe très simple avec peu de parties propres. A l’Introït et à l’Épître, nous nous représentons la courageuse franchise de saint Jean-Baptiste devant Hérode, franchise qui devait lui coûter la vie : “ Je parlais de tes témoignages à la face des Rois et n’en ai pas honte ”. (Cas étrange, le verset de l’Introït est emprunté à un autre psaume que l’antienne). “ Annonce à Juda tout ce que je t’ordonne. Sois sans crainte... je t’ai établi comme une ville forte... contre les rois de Juda, contre ses princes, contre ses prêtres et contre le peuple. Ils combattront contre toi, mais ils ne pourront rien sur toi ” (Épître). Nous voyons ainsi, au commencement de la messe, le Baptiste devant Hérode : “ Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère ! ” Au Graduel, il se dresse devant nous “ comme le cèdre du Liban ”, pur et sans tache comme le lis. A l’Offertoire et à la Communion, nous chantons son triomphe auquel nous avons part dans la Sainte Eucharistie. Nous avons souvent lieu de faire cette remarque : à l’avant-messe, le saint nous apparaît dans sa passion ; et à la messe des fidèles, dans sa gloire. De même, dans la première partie nous nous unissons spirituellement à lui par la lecture (on lisait autrefois en cet endroit les Actes des martyrs), et dans le Saint-Sacrifice, à sa gloire. L’Évangile raconte, d’après le vivant récit de saint Marc, le martyre de Jean-Baptiste.
3. Remarques sur la messe. — L’examen attentif de l’Offertoire et de la Communion nous fait saisir l’intention profonde de la liturgie. L’offertoire et la communion sont bien deux parties importantes du saint sacrifice où l’individu est appelé à intervenir personnellement. Il intervient à l’offertoire avec son “ moi” (symbolisme de l’offrande) ; à la communion, il reçoit sa propre part du sacrifice : Dieu s’incline vers lui en lui disant “ tu ”. On pourrait donc s’attendre à ce que les deux chants concomitants de l’offertoire et de la communion traduisent ce caractère personnel, ou, du moins, rappellent qu’au moment du sacrifice le saint dont on fait mémoire s’efface. On pourrait croire que le saint dont la place est si grande à l’avant-messe nous quitte au seuil du sacrifice et laisse la communauté seule avec le Christ. Non ; il n’en est rien. Les chants qui accompagnent ces deux parties de la messe d’un caractère à la fois si dramatique et si personnel se rapportent invariablement au saint dont on célèbre la fête. Qu’en faut-il conclure ? Manifestement, la liturgie met en valeur le mystère du saint. Nous nous associons à son rôle au sacrifice, et, par la communion sacramentelle, nous participons à sa gloire. Remarquons-le encore, au début comme à la fin, ce sont des pensées relatives au bonheur éternel qui très souvent reparaissent. Pendant l’avant-messe, nous voyons le saint aux prises avec les difficultés de la vie, en lutte avec le monde et l’enfer ; pendant le sacrifice, nous le voyons dans sa gloire à laquelle nous prenons part. Aussi entendons-nous l’Église chanter, au moment de la distribution des saintes espèces : “ Vous avez posé sur sa tête une couronne d’or pur ” ; ce qui est vrai d’une double façon : le saint est glorifié parmi : nous, et nous, en union avec lui, nous participons à sa gloire. Combien il importe donc de ne pas se contenter d’une lecture superficielle des textes de la liturgie : sachons en saisir intimement l’esprit et la vie !
4. Sainte Sabine.Jour de mort : 29 août, vers 126. Tombeau : à Rome, dans la basilique qui lui est dédiée sur l’Aventin. Vie : Sainte Sabine, originaire de Vindena, en Ombrie, fut l’épouse d’un patricien appelé Valentin. Elle fut convertie à la foi chrétienne par sa servante Séraphie. Après la mort de cette pieuse vierge (le martyrologe en fait mémoire le 3 septembre), elle en recueillit les restes pour les ensevelir avec honneur. Cela lui vaut d’être incarcérée peu après par ordre de l’empereur Adrien, et d’être traduite devant le tribunal d’Elpidius : “ N’êtes-vous pas Sabine, veuve de l’illustre Valentin ? ” lui demanda celui-ci. . Oui, c’est moi, répondit-elle, et je rends grâces à mon Seigneur Jésus-Christ d’avoir été délivrée de la servitude des démons par l’intercession de sa servante Séraphie ”. Le juge la condamna à mort pour son mépris des dieux. Les chrétiens déposèrent son corps dans le tombeau où elle-même avait enseveli Séraphie, sa maîtresse dans la foi.
Pratique : Quel exemple édifiant ! La servante convertit sa maîtresse ; la maîtresse ensevelit le corps de sa servante et la suit dans son martyre. Toutes deux reposent unies dans une même sépulture. Comme le christianisme sait franchir les barrières sociales ! La basilique de Sainte-Sabine est une des plus célèbres églises stationales de Rome ; c’est là que le clergé et les fidèles se rassemblent le Mercredi des Cendres.