Il faut que lui grandisse, et que moi je m’efface.
1. Décollation de saint Jean-Baptiste.
— Outre la naissance du Précurseur, fête principale de saint Jean Baptiste (24
juin), l’Église célèbre encore son martyre. D’après le martyrologe, c’est
aujourd’hui le jour “ de la seconde découverte de son chef vénérable ”. Le
corps de Jean-Baptiste fut enterré à Samarie. En 362 les païens profanèrent son
tombeau et brûlèrent ses restes. Des moines parvinrent seulement à en sauver
une petite partie qu’ils remirent à saint Athanase d’Alexandrie. On montre en
divers endroits les principales reliques du Précurseur. Celles qu’on honore
dans l’église Saint-Sylvestre, à Rome, appartiennent à un prêtre martyr du même
nom. On vénère aussi à Breslau le chef de saint Jean-Baptiste. Nous aurons
particulièrement soin de relire aujourd’hui les passages des trois Synoptiques
qui relatent le martyre du Précurseur, une des scènes les plus dramatiques de
la sainte Écriture. (Marc — auquel la messe emprunte l’Évangile — VI,
14-29 ; Matthieu, XIV, 1-12 ; Luc, III, 19-20 ; IX, 7-9).
2. La Messe (Loquebar). — Une
messe très simple avec peu de parties propres. A l’Introït et à l’Épître,
nous nous représentons la courageuse franchise de saint Jean-Baptiste
devant Hérode, franchise qui devait lui coûter la vie : “ Je parlais de
tes témoignages à la face des Rois et n’en ai pas honte ”. (Cas étrange,
le verset de l’Introït est emprunté à un autre psaume que l’antienne). “
Annonce à Juda tout ce que je t’ordonne. Sois sans crainte... je t’ai établi
comme une ville forte... contre les rois de Juda, contre ses princes,
contre ses prêtres et contre le peuple. Ils combattront contre toi, mais ils ne
pourront rien sur toi ” (Épître). Nous voyons ainsi, au
commencement de la messe, le Baptiste devant Hérode : “ Il ne t’est pas
permis d’avoir la femme de ton frère ! ” Au Graduel, il se
dresse devant nous “ comme le cèdre du Liban ”, pur et sans tache comme le
lis. A l’Offertoire et à la Communion, nous chantons son triomphe
auquel nous avons part dans la Sainte Eucharistie. Nous avons souvent lieu de
faire cette remarque : à l’avant-messe, le saint nous apparaît dans sa
passion ; et à la messe des fidèles, dans sa gloire. De même, dans la
première partie nous nous unissons spirituellement à lui par la lecture (on
lisait autrefois en cet endroit les Actes des martyrs), et dans le
Saint-Sacrifice, à sa gloire. L’Évangile raconte, d’après le vivant
récit de saint Marc, le martyre de Jean-Baptiste.
3. Remarques sur la messe. —
L’examen attentif de l’Offertoire et de la Communion nous fait
saisir l’intention profonde de la liturgie. L’offertoire et la communion sont
bien deux parties importantes du saint sacrifice où l’individu est appelé à
intervenir personnellement. Il intervient à l’offertoire avec son “ moi”
(symbolisme de l’offrande) ; à la communion, il reçoit sa propre part du
sacrifice : Dieu s’incline vers lui en lui disant “ tu ”. On pourrait
donc s’attendre à ce que les deux chants concomitants de l’offertoire et de la
communion traduisent ce caractère personnel, ou, du moins, rappellent qu’au
moment du sacrifice le saint dont on fait mémoire s’efface. On pourrait croire
que le saint dont la place est si grande à l’avant-messe nous quitte au seuil
du sacrifice et laisse la communauté seule avec le Christ. Non ; il n’en
est rien. Les chants qui accompagnent ces deux parties de la messe d’un
caractère à la fois si dramatique et si personnel se rapportent invariablement
au saint dont on célèbre la fête. Qu’en faut-il conclure ? Manifestement,
la liturgie met en valeur le mystère du saint. Nous nous associons à son rôle
au sacrifice, et, par la communion sacramentelle, nous participons à sa gloire.
Remarquons-le encore, au début comme à la fin, ce sont des pensées relatives au
bonheur éternel qui très souvent reparaissent. Pendant l’avant-messe, nous
voyons le saint aux prises avec les difficultés de la vie, en lutte avec le
monde et l’enfer ; pendant le sacrifice, nous le voyons dans sa gloire à
laquelle nous prenons part. Aussi entendons-nous l’Église chanter, au moment de
la distribution des saintes espèces : “ Vous avez posé sur sa tête une
couronne d’or pur ” ; ce qui est vrai d’une double façon : le saint
est glorifié parmi : nous, et nous, en union avec lui, nous participons à
sa gloire. Combien il importe donc de ne pas se contenter d’une lecture
superficielle des textes de la liturgie : sachons en saisir intimement
l’esprit et la vie !
4. Sainte Sabine. — Jour de
mort : 29 août, vers 126. Tombeau : à Rome, dans la
basilique qui lui est dédiée sur l’Aventin. Vie : Sainte Sabine,
originaire de Vindena, en Ombrie, fut l’épouse d’un patricien appelé Valentin.
Elle fut convertie à la foi chrétienne par sa servante Séraphie. Après la mort
de cette pieuse vierge (le martyrologe en fait mémoire le 3 septembre), elle en
recueillit les restes pour les ensevelir avec honneur. Cela lui vaut d’être
incarcérée peu après par ordre de l’empereur Adrien, et d’être traduite devant
le tribunal d’Elpidius : “ N’êtes-vous pas Sabine, veuve de l’illustre
Valentin ? ” lui demanda celui-ci. . Oui, c’est moi, répondit-elle,
et je rends grâces à mon Seigneur Jésus-Christ d’avoir été délivrée de la
servitude des démons par l’intercession de sa servante Séraphie ”. Le juge la
condamna à mort pour son mépris des dieux. Les chrétiens déposèrent son corps
dans le tombeau où elle-même avait enseveli Séraphie, sa maîtresse dans la foi.
Pratique : Quel exemple
édifiant ! La servante convertit sa maîtresse ; la maîtresse
ensevelit le corps de sa servante et la suit dans son martyre. Toutes deux
reposent unies dans une même sépulture. Comme le christianisme sait franchir
les barrières sociales ! La basilique de Sainte-Sabine est une des plus célèbres
églises stationales de Rome ; c’est là que le clergé et les fidèles se
rassemblent le Mercredi des Cendres.