28 JUIN - Vigile de Saint Pierre et de Saint Paul. Saint Irénée, évêque et martyr (double).

Une veillée nocturne au tombeau de Saint Pierre.
           
1. Vigile d’Apôtres. — Transportons-nous aujourd’hui encore dans l’ancienne Église. La chrétienté de Rome se réunit le soir autour du tombeau de saint Pierre pour y passer la nuit entière. Elle a amené aussi ses malades, qui trouveront peut-être la guérison au tombeau de l’Apôtre. Le service religieux commence. La communauté évoque d’abord le saint. Il lui semble voir sortir de la tombe le porte-clefs de l’Église ; elle le voit comme disciple et Apôtre du Christ ; elle le voit marcher sur les flots et, quand il enfonce, saisir la main de son Maître ; elle le voit dans la nuit de la Passion : “ Il pleura amèrement” ; elle le voit devant le Ressuscité : “ M’aimes-tu plus que ceux-ci ? ” Elle le voit chef de la jeune Eglise, arrêté et emprisonné par Hérode. Elle écoute ses lettres pastorales, ses paroles sur le “ sacerdoce royal ” des fidèles. Elle s’intéresse au récit de son martyre douloureux. Ces images encadrent les psaumes et les hymnes que chante l’Église romaine.
           
Vers le matin, “ le Verbe devient chair ” dans les saints mystères. On célèbre la messe, et la grâce de la Rédemption est versée par les mains de Pierre dans les cœurs des fidèles. Célébrons cette vigile dans l’esprit de l’ancienne Église.
             
2. La messe (Dicit Dominus). — Cette messe semble plus ancienne que celle de la fête. Le thème principal est la prédiction du Seigneur annonçant à Pierre qu’il mourrait sur la croix. Ce thème retentit déjà dans l’Introït. Le psaume directeur est le psaume 18 qui, depuis l’antiquité, est appelé “ Apostolus ”, et fait allusion à la prédication apostolique. La leçon nous raconte la guérison du paralytique par saint Pierre (c’est la leçon du premier nocturne de la fête). L’Apôtre est le chef de l’Église, et l’Église nous dit aujourd’hui et chaque jour : “ Au nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche ”. L’Évangile nous transporte sur les bords du lac de Génésareth. Là, le Seigneur ressuscité et glorifié prend avec ses disciples un mystérieux repas ; il fait de Pierre le pasteur de son Église et il lui annonce en même temps son martyre : “ Par ces paroles, il indiquait par quelle mort il glorifierait Dieu ”. Nous aussi nous devons être aujourd’hui Pierre. A la Communion, le Seigneur demande à chacun de nous : “ M’aimes-tu plus que ceux-ci ? ” Répondons : “ Tu sais tout, tu sais aussi que je t’aime ”.
             
3. Saint Irénée. — Nous aimerons, pour nous conformer à l’esprit de la liturgie, prendre la messe de la vigile. A la prière des Heures nous songerons au saint qui a affirmé d’une manière si nette la primauté de l’Église romaine.
         
a) L’évêque Irénée était disciple de saint Polycarpe, qui était lui-même un disciple des Apôtres. Ce fut un écrivain ecclésiastique d’une grande valeur. Son nom lui-même fut un programme de vie : Irénée veut dire : le “ Pacifique D. Né à Smyrne, vers 149, il fit de grands progrès sous la direction de l’évêque saint Polycarpe. Il se rendit plus tard en Gaule et devint évêque de Lyon. Pendant la querelle pascale (entre les évêques asiatiques et le pape Victor Ier) il joua le rôle de médiateur et de pacificateur. De ses nombreux écrits, nous avons conservé ses “ cinq livres contre les hérésies ”. Dans le troisième livre (III, 3,2), le saint, instruit par les disciples des Apôtres, rend un témoignage important et magnifique à l’Église romaine qui est la gardienne fidèle, perpétuelle et très sûre de la tradition divine ; il rend également témoignage à la succession de ses évêques. Le passage célèbre est celui-ci : “ A cause de la prééminence particulière de l’Église romaine, chaque Église doit se diriger vers elle, et cela vaut pour tous les fidèles ”. Saint Irénée mourut martyr en 202.
           
b) La messe a presque uniquement des textes propres qui illustrent la vie de notre saint. C’est intentionnellement que, dans les oraisons et les chants, est répété le mot Paix. On veut utiliser le sens étymologique du mot Irénée. “ Dans la paix et la justice, il marche avec moi ” (Introït). “ Avec ceux qui haïssaient la paix, j’étais pacifique ” (Ps. CXIX, 7). Dans l’oraison, on trouve deux fois le mot paix. Il en est de même du Graduel, de la Secrète et de la Postcommunion (ces deux dernières sont tirées de l’antique messe : pro pace). L’Epître, qui contient les conseils de saint Paul à son disciple Timothée, expose, pour ainsi dire, ici, les exhortations du disciple des Apôtres, saint Polycarpe, à son fidèle disciple. L’Evangile (Math., X, 28-33), qui est tiré du discours du Seigneur au moment de l’envoi des Apôtres, a été réalisé par notre saint. Il n’a pas eu peur de ses ennemis et a confessé le nom du Seigneur.