28 AOUT - Saint Augustin, évêque et docteur (double).

Saint Hermès, martyr.
Notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en vous.
1. Saint Augustin. — La chronique du martyrologe est remarquablement longue aujourd’hui. “ A Hippone, dans la Province romaine d’Afrique, mort de saint Augustin, évêque et illustre docteur de l’Église. Il fut converti à la foi chrétienne et baptisé par saint Ambroise. Dès lors il se fit le défenseur de la vérité contre les Manichéens et autres hérétiques, et se révéla redoutable champion de la foi. Après une vie laborieuse entièrement consacrée au bien de l’Église, il alla recevoir au ciel l’éternelle récompense. Par crainte des Vandales, on transporta ses restes d’Hippone en Sardaigne ; Luitprand, roi des Lombards, les fit plus tard transférer à Pavie où ils furent solennellement inhumés ”. C’est en cette ville que repose encore son corps, dans l’église appelée Ciel d’oro. — Augustin, né à Tagaste, en Afrique, l’an 353, baptisé dans la nuit de Pâques de 387, et mort en 430, fut un des évêques, confesseurs et docteurs les plus célèbres de tous les temps. Ses écrits marquent l’apogée de la littérature patristique, en même temps qu’ils demeurent pour la postérité un intense foyer de lumière : Sa conversion due aux larmes de sa mère et aux saintes instances d’un Ambroise nous frappe d’admiration. Les “ Confessions ” qui relatent la vie d’Augustin jusqu’à l’an 400 et racontent ses égarements et ses luttes dans un récit entrecoupé de considérations profondes et surnaturelles ;sont un ouvrage impérissable. Un autre ouvrage “ La Cité de Dieu ” est également un monument immortel de son génie, une philosophie de l’histoire. Citons encore ses célèbres homélies, particulièrement celles sur les psaumes et sur l’Évangile de saint Jean. Comme évêque, saint Augustin se distingua surtout par ses luttes intrépides et toujours victorieuses contre les hérétiques. Son plus beau triomphe fut la défaite des Pélagiens qui niaient la nécessité de la grâce divine pour le salut ; ce qui lui mérita le titre de “ Docteur de la grâce”. L’art chrétien lui donne comme emblème un cœur brûlant, symbole de l’ardente charité qui remplit tous ses écrits. Il est le fondateur de la vie commune canonique ; aussi les Chanoines et les Ermites Augustins le revendiquent-ils comme patron.
2. La Messe est celle du Commun des Docteurs (In medio). — Le célébrant me représente le grand Docteur qui s’avance “ au milieu du sanctuaire ” ; son esprit est toujours vivant dans l’Église. Je le vois triomphant, revêtu de la “ robe. de gloire ”. Je l’entends prêcher, “ reprendre, supplier, menacer en toute patience et doctrine ”. Je le vois, “ comme une victime ”, consumer ses jours dans l’ardeur de son zèle. “ J’ai combattu le bon combat, dit-il, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ”. Je vois comment “ le Seigneur lui donne la couronne de justice en ce jour (de sa fête) ”. Je vois en lui le “ sel ” de l’Église qui ne cesse à travers les siècles de vivifier, d’assaisonner, de préserver de la corruption ; je reconnais en lui la “ lumière ” de l’Église, le flambeau qui éclaire tous ceux qui sont “ à la maison ”. Il est comme “ une ville située sur une montagne ”... A l’Offertoire, nous unissons notre oblation à la sienne ; il se “ multipliera” en nous. (multiplicabitur). A la Communion, nous retrouvons en lui le “ serviteur fidèle” qui distribue “ la mesure de froment” à la famille de Dieu, le froment de la doctrine, le Froment de l’Eucharistie.
3. Importance de saint Augustin. — Pour apprécier l’importance de saint Augustin examinons brièvement en lui le fondateur d’Ordre, le docteur, et enfin l’homme.
a) le Fondateur d’Ordre. On ne saurait attribuer à saint Augustin le titre de Fondateur d’ordre dans le sens rigoureux du mot, comme à un saint Benoît par exemple. Néanmoins, c’est le régime commun, tel qu’il l’avait établi chez lui à l’instar de la communauté chrétienne primitive, qui fut réellement le modèle et l’origine des chapitres, aussi bien des chapitres séculiers des cathédrales et des collégiales que de l’ordre des chanoines réguliers de Saint-Augustin. La règle de saint Augustin (appellation qui apparaît de plus en plus justifiée aux yeux de l’histoire) a servi de norme et de directive à beaucoup de communautés et ordres religieux. Aujourd’hui donc, en assistant à la messe, nous sommes en union non seulement avec le grand saint, mais encore avec tous ses enfants, les innombrables membres des communautés qui vivent sous sa règle ; qu’ils soient déjà dans la gloire ou qu’ils continuent à combattre sur la terre. C’est donc un rameau vigoureux de l’arbre de l’Église qui célèbre avec nous le saint sacrifice.
b) le Docteur. “ Au milieu de l’Église, le Seigneur lui a ouvert la bouche ”. Ces paroles s’appliquent dans leur sens le plus rigoureux à saint Augustin, un des Docteurs de l’Église universelle. Saint Augustin est encore docteur de l’Église au sens liturgique : Dieu lui “ ouvre toujours la bouche au milieu de l’Église” : il ne cesse de s’y faire entendre dans un grand nombre de leçons et d’homélies ; c’est presque toujours lui qui assume la charge de commenter l’Évangile de saint Jean et d’expliquer les mystères des fêtes solennelles de l’année. Son commentaire des psaumes est un des plus beaux monuments de son esprit liturgique.
c) l’Homme. Il y a peu de saints dont la vie et les exemples émeuvent aussi profondément les modernes que nous sommes. Il en est peu chez qui l’œuvre de la grâce apparaisse aussi manifeste. Nous avons eu l’occasion durant ces derniers dimanches d’analyser les deux âmes que chacun porte en soi ; le fait est extraordinairement frappant dans la vie de saint Augustin. Fils d’une mère chrétienne et d’un père païen, on ne lui donna pas le baptême dans son enfance. Lui-même se déciderait librement a le recevoir, parvenu à l’âge mûr ; et c’est ainsi que deux génies accompagnèrent ses jours. Son bon génie, c’était sa bonne et sainte mère ; mais c’est le mauvais génie qui bien longtemps l’emporta. Augustin se fit manichéen, et la mère pleurait et priait. Il quitta l’Afrique en trompant la vigilance de sa mère qui voulait l’accompagner à Rome ; elle pleurait et priait. “ Le fils de tant de larmes ne saurait périr ” ;avait dit un saint évêque, et Monique espérait. Le mauvais génie, cependant, entraînait son fils dans des désordres toujours plus grands, exploitant les facultés étonnantes de sa riche nature pour accroître son arrogance et son orgueil. Mais la grâce, elle aussi, ne cessait de veiller, et plus Augustin sombrait dans les sentiers du vice, plus il lui assurait un terrain favorable. Il eut la sensation du vide ; il aperçut le grand abîme de tout cœur humain ; il constata que les biens terrestres qu’on y jette ne sont qu’une poignée de pierres qui en couvrent à peine le fond. L’heure de la grâce était arrivée : “ Le cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Dieu ”. Ambroise en fut l’instrument. Monique accourut, joyeuse, à Milan ; elle assista au baptême de son fils, elle en fut témoin de ses propres yeux. Et le baptême fut bien, comme il le devait, le grand événement de la vie d’Augustin, la conversion (metanoia). A partir de ce jour, la grâce s’est réellement emparée de son cœur. Augustin accompagne sa mère à Ostie. Elle y meurt. Elle y meurt sans regret, car elle a engendré son fils une seconde fois — au ciel. — Le lecteur qui possède les Confessions de saint Augustin fera bien d’en relire quelques pages cette semaine.[1]
4. Saint Hermès. — Saint Hermès fut mis à mort à Rome, vers 116, en même temps que le pape Alexandre 1er. Il était fils du préfet de la ville. Un cimetière de la voie Salaria porte son nom. On lit dans le martyrologe : “ A Rome, fête de saint Hermès, personnage illustre qui, comme le rapportent les actes du pape Alexandre 1er, fut d’abord renfermé dans une prison ; il subit ensuite son martyre avec plusieurs autres, sous le juge Aurélien, en périssant par le glaive ”. Son corps repose dans l’église Saint-Marc in Pallacine.



[1] Le lecteur excusera la longueur de cet article en apprenant qu’il est dû à la plume d’un chanoine de Saint-Augustin.