27 DÉCEMBRE - Saint Jean, Apôtre et Évangéliste (double de 2ème classe)

Station à Sainte Marie Majeure

“ C’est ce Jean qui, à la dernière Cène, reposa sur la poitrine du Seigneur, heureux l’Apôtre auquel les secrets célestes ont été révélés” (Ant. Magn. et Ben.). 

1. Saint Jean. — C’est le virginal ami du Christ qui, à la dernière Cène, reposa sur la poitrine de son Maître et y puisa l’amour et la connaissance des plus sublimes mystères, ce qui lui valut une place si brillante dans l’Église ! Au pied de la Croix, il reçut, comme legs précieux de son Maître, sa virginale Mère. Il a donné à l’Église son merveilleux évangile, dans lequel, semblable à l’aigle (son symbole), il s’élève jusqu’aux hauteurs sublimes de la divinité. Combien précieux sont, par exemple, les discours d’adieu du Seigneur à la dernière Cène ! Il nous a laissé le seul livre prophétique du Nouveau Testament, l’Apocalypse, le livre du Jugement dernier. Nous y voyons, dans des images impressionnantes, une série nettement déterminée de châtiments successifs que Dieu fait tomber sur le monde. Ces châtiments avec la catastrophe finale s’unissent pour former une grandiose image du jugement de Dieu. Jean est le seul Apôtre qui soit mort de mort naturelle. Il fut cependant martyr par la volonté et la profession de foi. A la fin de sa vie (vers l’an 100 après J.-C.), il fut jeté dans l’huile bouillante (cf. 6 mai) et “°but le calice du Seigneur ”. 

“ Comme le saint évangéliste qui vivait à Éphèse, dans son âge très avancé, était porté à l’église par ses disciples et ne pouvait plus faire de longs discours, il avait coutume, dans les réunions, de répéter toujours les paroles suivantes : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. Enfin, les disciples et les frères qui étaient présents, ennuyés de l’entendre toujours répéter le même discours, lui dirent : Maître, pourquoi répètes-tu toujours la même chose ? Alors il leur fit la réponse suivante, bien digne de saint Jean : “ parce que c’est le précepte du Seigneur et si vous observez seulement cela, cela suffit. ” “ Soixante-huit ans après la Passion de son Maître, il mourut dans un âge avancé. Dans le voisinage de la ville qu’on vient de nommer il trouva son dernier repos ” (Martyrologe). 

2. L’Office, d’une beauté et d’une délicatesse extrêmes, respire l’amour et l’innocence. Les répons de la fête chantent les divers aspects de la personnalité de saint Jean : le bien-aimé du Seigneur, l’Évangéliste, l’auteur de l’Apocalypse, l’apôtre virginal, le docteur de l’Église, l’Apôtre reposant sur la poitrine du Seigneur. Dans les leçons : 
“ Jésus aimait ce disciple, car le privilège spécial de la virginité le rendait digne d’un plus haut amour.
Dans l’innocence virginale, il fut choisi comme disciple par le Seigneur et il garda cette innocence jusqu’à la mort
Suspendu à la croix, proche de la mort, le Seigneur lui confia sa Mère, sa Mère Vierge au disciple vierge ” (Rép.).  
“ Vénérable est saint Jean qui pendant la Cène reposa sur la poitrine du Seigneur,
A lui, sur la Croix, le Christ a confié sa Mère, sa Mère vierge au disciple vierge.
Lui, le disciple vierge, le Seigneur l’a choisi et l’a aimé de préférence à tous les autres disciples. ” (Rép.). 
Dans les leçons du premier Nocturne nous entendons le commencement de la première Épître de saint Jean, dans laquelle l’Apôtre bien-aimé nous laisse entrevoir son âme remplie d’amour (le commencement vaut pour l’ensemble). Dans le troisième Nocturne, saint Augustin voit dans les deux Apôtres Pierre et Jean les symboles de l’Église de la terre et de l’Église du ciel : 

“ L’Église connaît une double vie qui lui est prêchée et recommandée par Dieu ; de ces deux vies, l’une est dans la foi, l’autre dans la contemplation ; l’une dans le temps de pèlerinage, l’autre dans l’éternité de la demeure ; l’une dans le travail, l’autre dans le repos ; l’une dans la voie, l’autre dans la patrie ; l’une dans l’occupation active, l’autre dans la récompense de la contemplation ; l’une se détourne du mal et fait le bien, l’autre n’a pas de mal dont elle doive se défendre, elle ne connaît qu’un grand bien pour en jouir ; l’une combat contre l’ennemi, l’autre règne sans ennemi... L’une est bonne, mais encore malheureuse, l’autre est meilleure et heureuse. La première est représentée par l’Apôtre Pierre, l’autre par Jean... ”. 

3. La messe (In medio). — La liturgie de la messe est un peu âpre. Après la poésie de Noël et celle de la prière des Heures, nous désirerions plus de sentiments. Cependant, sous l’écorce amère, on découvre un noyau succulent, L’église de station est Sainte-Marie Majeure. Le choix de cette église se comprend, puisque saint Jean fut donné comme fils à la Sainte Vierge. Introït (qui est celui du commun des docteurs) convient en premier lieu à saint Jean. Par ses écrits, saint Jean est pour tous les temps le grand docteur de l’Église. Songeons seulement combien de fois saint Jean nous parle dans la liturgie. Ici encore, considérons la liturgie sous son aspect dramatique. En la personne du prêtre, saint Jean s’avance à travers le milieu de l’église, vers l’autel. L’Oraison prie aujourd’hui pour l’Église : “ Éclairée par la doctrine de notre saint, puisse-t-elle parvenir aux dons éternels. ” (C’est là une vraie oraison liturgique qui ne considère pas les particuliers, mais le grand ensemble, le corps mystique de Jésus-Christ). Il faut également entendre la leçon d’une manière plus profonde : la Mère honorable (la Sagesse) est de nouveau l’Église qui rencontre ses enfants, en ce moment, à la messe et les nourrit du pain de vie et de l’eau de la sagesse dans l’Eucharistie. (Nous sommes à Sainte-Marie Majeure. La Mère de Dieu rencontre son fils saint Jean. Marie est le symbole de l’Église et saint Jean le symbole des fidèles). La leçon nous fait mieux comprendre l’Introït. On y applique à tous les élèves de la Sagesse, c’est-à-dire aux disciples de l’Église, ce qui, dans l’Introït, a été dit de saint Jean. Nous voyons une fois de plus que saint Jean est notre symbole et notre modèle. L’Évangile aussi nous étonne un peu : nous aurions peut-être attendu un autre épisode de la vie de l’Apôtre. Cependant le Graduel et la Communion nous apprennent quelle pensée a dirigé la liturgie dans son choix, c’est la parole du Christ : “ Je veux qu’il reste ainsi jusqu’à ce que je revienne (donec venio). C’est le leitmotiv de la messe. Rappelons-nous que pendant tout l’Avent nous avons attendu le Roi “ à venir” et qu’à Noël nous avons chanté plein de joie : “ il est venu” (Off. I. Messe). En la personne du virginal saint Jean, l’Église va au-devant du Roi qui est venu. — Aujourd’hui, dans certaines régions, on bénit et on fait boire le vin de saint Jean : (“ Bois l’amour de saint Jean ”).