26 DÉCEMBRE - Saint Étienne, premier martyr (double de 2ème cl.)

Station à Saint Étienne sur le Cœlius

Dans le sang du saint lévite Étienne “ l’Église offre les prémices du martyre ” au Roi des martyrs. 

La fête peut être considérée d’un double point de vue : en soi et dans ses relations avec la fête de Noël. A la messe, la fête est tout à fait indépendante, il n’est pas question de Noël. Il est vrai que, dans la pensée de l’Église, cette relation, que la prière des Heures marque expressément, n’est jamais oubliée. 

1. Saint Étienne et Noël. — Dès l’invitatoire de Matines, l’Église marque cette relation. “ Le Christ nouveau-né, qui en ce jour a couronné saint Étienne, venez, adorons-le. ” Rien ne marque mieux cette relation que le panégyrique de saint Fulgence que nous lisons aujourd’hui au bréviaire : 

“ Hier nous fêtions la Nativité de notre Roi éternel dans cette vie temporelle. Aujourd’hui nous célébrons solennellement le souvenir des glorieuses souffrance ! ; d’un soldat. Hier notre Roi se voilait dans les vêtements pourpre de la chair, sortait du palais du sein virginal et visitait le monde dans sa grâce. Aujourd’hui un soldat quitte la tente du corps et s’avance en triomphateur vers le ciel. Celui-ci se ceignit de la ceinture d’esclave de la chair et entra pour combattre sur le champ de bataille de ce monde : celui-là dépose la dépouille corruptible de son corps et monte pour régner éternellement dans le palais des cieux. Celui-ci descend recouvert de la chair, celui-là monte couronné de sang. Celui-là monte, après avoir été lapidé par les Juifs, parce que celui-ci est descendu, acclamé par les anges ; aujourd’hui les anges ont reçu avec joie saint Étienne dans leurs rangs. Hier le Seigneur est sorti du sein de la Vierge, aujourd’hui ce soldat est sorti de la prison du corps ; hier le Christ était pour nous enveloppé de langes, aujourd’hui Étienne est par lui revêtu du vêtement de l’immortalité. Hier l’étroitesse de la Crèche enfermait le Sauveur, aujourd’hui l’immensité du ciel reçoit saint Étienne triomphant. Le Seigneur es’, descendu seul pour en relever plusieurs, notre Roi s’est abaissé pour exalter ses soldats. Cependant, mes frères, nous devons reconnaître avec quelles armes Étienne a vaincu la rage des Juifs pour être jugé digne d’un si magnifique triomphe. Pour conquérir la couronne de son nom, Étienne combattit avec les armes de l’amour et il remporta partout la victoire. En vertu de l’amour de Dieu, il ne fut pas vaincu par les Juifs en furie ; en vertu de son amour pour le prochain, il pria pour ceux qui le lapidaient. Par l’amour il exhorta les égarés à se convertir, par l’amour il pria pour ceux qui le lapidaient, afin qu’ils ne soient pas punis. Appuyé sur la puissance de l’amour, il triompha de la rage cruelle de Saul et celui qui sur la terre fut son persécuteur est au ciel son compagnon. ” 

2. La fête en elle-même. — a) La Sainte Écriture nous raconte d’une façon saisissante le martyre de notre héros : “ Les Juifs en entendant cela (son discours de défense) se laissèrent aller à la fureur et grincèrent des dents contre lui. Mais Étienne, rempli de l’Esprit-Saint, leva les yeux au ciel et, voyant la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu, il dit : Je vois les cieux ouverts et le Fils de l’Homme assis à la droite de Dieu. Alors les Juifs poussèrent de grands cris, ils se bouchèrent les oreilles et se précipitèrent tous ensemble sur lui. Ensuite ils le traînèrent hors la ville et le lapidèrent. Or les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saul. Tandis qu’on lapidait Étienne il priait et disait : Seigneur Jésus, recevez mon esprit. Étant alors tombé à genoux il cria à haute voix : “ Seigneur ne leur imputez pas ce péché. ” A ces mots, il s’endormit dans le Seigneur. 

b) La messe (Sederunt principes) : Nous admirons la vivacité dramatique avec laquelle l’Église place le saint au milieu de nous. Nous assistons positivement à son martyre. Bien plus, l’Église nous unit à lui, nous prenons part à ses souffrances et à sa gloire. Nous pouvons, dans ce drame, distinguer trois phases : la souffrance — l’abandon — l’union au Christ. L’avant-messe nous fait partager la détresse de saint Étienne. Nous nous tenons avec lui devant le Sanhédrin, nous venons, nous aussi, du monde rempli de tentations et de combats. Ainsi nous pouvons, nous aussi, réciter du fond du cœur la prière de l’Introït et du Graduel : “ Les impies me poursuivent, viens à mon secours, ô Seigneur, car ton serviteur veut garder tes commandements ”. A l’Offertoire, nous déposons sur l’autel, avec saint Étienne, les peines de la vie et nous prions avec lui : “ Seigneur Jésus, recevez mon âme. ” Saint. Étienne nous apprend le sacrifice. Or nous avons une digne victime, le Christ. Le Christ, Étienne et moi, voilà un sacrifice magnifique et complet. A la Communion, nous gravissons le troisième degré. Quel était le but de saint Étienne ? Il fut couronné comme son nom l’indique, il obtint la gloire éternelle. C’est aussi le but du Saint-Sacrifice. La sainte Communion nous unit avec le Christ et prépare la gloire éternelle. Chaque fête de saint nous facilite la rencontre avec Dieu et le contact avec lui. Le saint est un pont qui nous mène à Dieu. Cette messe nous montre, d’une manière exemplaire, comment nous pouvons, au Saint-Sacrifice, accomplir notre ascension spirituelle. 
c) La prière des Heures. Le bréviaire nous paraît aujourd’hui un peu âpre. Après un jour de fête rempli de la plus haute poésie et des émotions les plus fortes, le commun des martyrs nous semble trop simple. Mais justement, ce style lapidaire, aux lignes sobres, est dans l’esprit de la liturgie romaine classique. Nous remarquons aujourd’hui que, dans cet office, il, est question à tout moment de “ couronne ”, de couronnement ”, et nous songeons qu’Étienne veut dire le couronné. Les antiennes de Laudes sont d’une grande beauté. “ Avec joie il supporta les pierres, il est suivi de toutes les âmes justes. ” Ensuite nous récitons avec Étienne le beau psaume 62 : “ Mon âme s’attache à toi car mon corps a été lapidé pour toi, mon Dieu. ”