25 JUILLET - Saint Jacques le Majeur, Apôtre. (double de seconde classe).

Saint Christophe, Martyr. Pouvez-vous boire le calice que je boirai ?
     
1. Saint Jacques le Majeur. — Jour de mort : aux environs de la fête de Pâques, en l’an 42. (Le 25 juillet est la date de la translation de ses reliques). Tombeau : Au VIe siècle, on vénérait encore son tombeau à Jérusalem ; depuis le IXe siècle, il se trouve à Compostelle, en Espagne, un des plus anciens et des plus célèbres lieux de pèlerinage avec Rome et Jérusalem. Vie : Saint Jacques le Majeur appartient au groupe des trois disciples préférés de Jésus. Un des premiers, il fut appelé à le suivre, et en reçut, avec Jean son frère, le surnom de “ Fils du tonnerre ”. Il fut le témoin de la Transfiguration du Maître et de sa suprême humiliation sur le mont des Oliviers. Parmi les Apôtres, il est le premier qui ait bu “ la coupe du Seigneur Il, c’est-à-dire subi le martyre. Il eut la tête tranchée, en 42, sous Hérode. “( Il fit mourir par le glaive Jacques, frère de Jean ”, déclarent nettement les Actes des Apôtres, XII, 2). Sur son ministère apostolique nous ne savons absolument rien. “ Celui qui l’avait amené au tribunal, raconte la légende, voyant avec quel courage il allait au martyre, se déclara sur-le-champ chrétien lui aussi. Tandis qu’on les entraînait au supplice, il implora le pardon de l’Apôtre. La paix soit avec toi ! lui répondit celui-ci en l’embrassant. Ils furent tous deux décapités ”. On reconnaît à ce trait un vrai disciple du Maître ; et c’est ainsi que nous devons pratiquer, nous aussi, à la fois l’amour du Christ et l’amour de nos frères.
     
2. Saint Christophe. — Le saint est considéré comme un des quatorze saints Auxiliaires invoqués dans la détresse. Son culte est très populaire tant en Orient qu’en Occident depuis fort longtemps. Les anciens martyrologes rapportent seulement qu’il subit le martyre pour le Christ ; mais sa personne fut plus tard entourée d’une couronne de légendes. Christophe aurait été un géant résolu à entrer au service du plus puissant maître du monde. Il crut d’abord que c’était l’empereur, puis le démon, et reconnut enfin le maître tout-puissant dans la personne du Christ, auquel il appartint désormais tout entier. Doué d’une force extraordinaire, il voulut se rendre utile à l’humanité en transportant les pèlerins et les voyageurs du bord à l’autre d’un torrent. Un jour, un enfant se présenta à lui ; il le prit sur ses épaules ; mais, tandis qu’il franchissait le gué, son fardeau devint peu à peu si pesant qu’il ne pouvait plus le soutenir. L’enfant se fit alors connaître :“ Tu as porté le Seigneur du monde ”. C’était le Christ. (Le nom de Christophe signifie “ porte-Christ ”). — Cette légende a un caractère symbolique. Mgr Vida l’explique en ces termes : “ Parce que, Christophe, tu portais constamment le Christ dans ton cœur, les artistes te représentent avec le Christ sur tes épaules, et, parce que tu as beaucoup souffert, ils te représentent franchissant à gué la haute mer. Pour te permettre d’accomplir cet exploit, ils t’attribuent une taille de géant telle que les édifices les plus élevés ne peuvent te recevoir et qu’il te faut vivre en plein air par les froids les plus rigoureux ; et parce que tu as triomphé de tout ce qui est pénible, ils te donnent une palme verdoyante pour bâton de voyage ”.
     
3. La Messe (Mihi autem). — Dans l’esprit de la liturgie, la messe d’un saint se célèbre toujours à son tombeau. Nous sommes donc aujourd’hui à Compostelle, belle occasion pour nous d’admirer comment la vie et l’action d’un saint se prolongent à travers l’histoire de l’Eglise. Quelle foi et quelle ardente piété, en effet, en ce lieu ! Outre certains textes communs aux fêtes des Apôtres, la messe de saint Jacques contient plusieurs parties propres d’une grande beauté. Le “ je ” reparaît encore dans l’Introït, saint Jacques et les autres Apôtres se présentent à moi en amis du Christ et princes du Royaume de Dieu, et je leur rends mes hommages. Le psaume célèbre l’élection par la grâce, tant celle de l’Apôtre que la mienne. Mon Dieu, vous seul connaissez ma vie. C’est vous qui avez dirigé mes parents et ma propre jeunesse pour que je puisse être, à cette heure, votre enfant ! — L’Oraison offre une grande richesse de pensées. Sa composition diffère nettement du type habituel. Qu’y demandons-nous ? Que Dieu soit le “ sanctificateur” et le “ gardien ” de son peuple. Les juifs travaillaient autrefois à la construction du Temple, la truelle d’une main et l’épée de l’autre afin d’écarter l’ennemi. Que Dieu veuille, de même, élever son temple (l’Eglise et notre âme), en le sanctifiant et en le protégeant. De là ce double souhait : que les chrétiens soient a) des pèlerins agréables à Dieu sur la terre (“ Conversatio ” signifie CI conduite ”), et h) aussi de dignes serviteurs de Dieu. Autrement dit : que les chrétiens mènent une vie riche de vertus et se consacrent en paix au service de Dieu. C’est ce que nous espérons par l’intercession de saint. Jacques. Puis, voici l’austère avertissement de l’Épître : “ Nous, les Apôtres, nous sommes voués à la mort ; nous allons par le monde, en proie à la faim, au dénuement, au mépris ”. Et vous ; chrétiens, ne voulez pas nous imiter en cela ? — N’est-il pas remarquable que, le jour où nous honorons l’Apôtre saint Jacques, l’’Évangile raconte un épisode de sa vie propre surtout à l’humilier ? L’Église a cependant choisi ce passage parce que le Maître y prédit son martyre. Comparons les deux lectures de la messe. A l’Évangile, Jacques revendique une place de ministre dans le royaume terrestre du Messie ; à l’Épître, il nous apprend comment il a bu le calice du Seigneur, comment il a supporté les opprobres, la pauvreté, comment il est devenu le rebut des hommes. Pouvons-nous imaginer contraste plus grand entre l’objet de sa demande et ce qui lui est accordé. Nous avons ainsi ce diptyque : l’Apôtre avant. et après la mission du Saint-Esprit. — Au Graduel, nous entonnons le cantique nuptial de l’Église ; nous nous adressons à elle : Mère, ce sont vos enfants les plus fidèles ; ils sont princes dans le Royaume de Dieu ! Au verset de l’Alleluia, le Christ parle à ses Apôtres : “ Je vous ai choisis du monde, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ”. Ces paroles me concernent également. L’Offertoire suggère la pensée d’un voyage apostolique. Saint Jacques se rend en Espagne. Quelle route radieuse ! — La Secrète suppose le cortège de la foule à j’offertoire. Puisse la “ beata passlo ” (le glorieux martyre) de l’Apôtre en rendre les offrandes agréables au Seigneur ! — A la Communion, nous voyons saint Jacques dans le triomphe du ciel, auquel nous sommes invités. à participer. “ Vous qui m’avez suivi, vous siégerez sur des trônes... ” La satisfaction refusée à saint Jacques sur la terre, une place à la droite du Sauveur, lui a été accordée d’une manière beaucoup plus glorieuse : au paradis ; or, nous aussi, nous avons la promesse du même privilège. L’Évangile nous convie également à boire la coupe du Seigneur (l’Eucharistie et la participation aux souffrances du Christ), et à prendre place à ses côtés.