24 DÉCEMBRE - Vigile de Noël (simple, double à partir de Laudes)

Aujourd’hui vous apprendrez que le Seigneur vient

Station à Sainte Marie Madeleine 

1. La Sainte Soirée. — Cette Vigile a une place particulière parmi toutes les vigiles. Les sentiments de pénitence n’y jouent qu’un rôle secondaire ; l’impression dominante est plutôt celle d’une attente joyeuse. L’usage populaire des cadeaux de Noël, très conforme à ce sentiment, concourt beaucoup à faire de ce jour un des plus gais de l’année. Dans chaque famille, ce jour a sa liturgie particulière, usages qu’il serait bon de conserver. 

La liturgie ecclésiastique est tout entière consacrée à l’attente certaine de la venue du Rédempteur. Cette certitude se manifeste en deux images. La première nous montre la porte fermée du ciel. Depuis que nos premiers parents ont été chassés du paradis terrestre, cette porte est fermée et un chérubin monte la garde devant, armé d’une épée de flamme. Mais le Rédempteur ouvrira cette porte, il entrera. Aujourd’hui nous nous tenons devant cette porte. Cette image est là plus importante du jour, c’est pourquoi le psaume 23 est le psaume principal du jour. 
“ Élevez vos portes, princes,
Ouvrez-vous largement, portes éternelles,
Voici que va entrer le Roi de gloire. ” 
Avec une certitude croissante, l’Église nous annonce trois fois qu’il va entrer : devant la porte de l’Église, quand elle chante l’Introït, à l’Offertoire (l’autel est aujourd’hui la porte fermée derrière laquelle se tient déjà le Rédempteur) et à la Communion qui est une première révélation, une première vision de la gloire de Dieu. 

La seconde image est la Vierge bénie. La profonde douleur de saint Joseph tant qu’il ignore le mystère nous assure qu’il n’est pas le père de l’Enfant et l’ange nous donne la certitude que cet Enfant est le Fils de Dieu et le Rédempteur. C’est le dernier événement historique avant la naissance du Sauveur. Joseph apprend de la bouche de l’ange et nous apprenons de celle de l’Église : “ Ce qui est né en Marie vient du Saint-Esprit. Elle enfantera un Fils et tu lui donneras le nom de Jésus (le Sauveur) car il rachètera son peuple de ses péchés. ” 

Avec exactitude et concision, l’objet de la fête de ces deux jours est exprimé dans l’invitatoire de l’Office : “ Aujourd’hui vous saurez que le Seigneur va venir et demain vous verrez sa gloire. ” Aujourd’hui nous offre la certitude, et par l’Eucharistie, le sage de la venue certaine du Seigneur — demain sera la grande vision de sa gloire. 

Il y a un progrès dans la manifestation du mystère de l’Avent, dans l’Epître elle-même. Elle nous montre. pour la première fois, dans toute sa clarté, l’image du Christ. Au cours de l’Avent, la liturgie nous a indiqué le Sauveur qui va venir, avec une précision sans cesse grandissante (c’est là en effet un des principes fondamentaux de la liturgie : la manifestation progressive). La première semaine, nous apercevons le Sauveur comme voilé d’obscurité et de brouillard. Peu à peu cette image nébuleuse est devenue plus claire et aujourd’hui l’Église nous dit en des formules d’une stricte exactitude dogmatique : “ le Christ, selon sa nature humaine, est né de la Vierge Marie, selon sa nature divine, il est le Fils éternel de Dieu : “ ... l’Évangile que Dieu par ses Prophètes (dans l’Avent spécialement le prophète Isaïe), dans les Saintes Écritures, avait promis auparavant au sujet de son Fils (c’est là tout l’Avent). Son Fils lui est né selon la chair (sa nature humaine) de la race de David, mais selon l’Esprit de sainteté (c’est-à-dire sa nature divine), il a été déclaré Fils tout-puissant de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, Jésus-Christ Notre Seigneur... ” Il serait difficile d’exprimer d’une manière plus parfaite la transition de l’Avent à Noël et à Pâques. 

Maintenant nous sommes prêts et préparés, Il peut venir. 

2. De la prière des Heures. — Le lecteur pourrait, dès aujourd’hui ou tout au moins dans les jours suivants, réciter avec l’Église les parties principales de l’Office. Les Matines d’aujourd’hui sont la dernière prière de l’Avent. L’invitatoire nous fait déjà entendre le leitmotiv du jour. 

Aujourd’hui vous saurez que le Seigneur va venir et demain vous contemplerez sa gloire. 

Les psaumes sont ceux du jour de la semaine ; les trois leçons sont une simple homélie du docteur de l’Église, saint Jérôme, sur l’Évangile du jour. Le saint nous explique pourquoi le Sauveur n’est pas né simplement d’une Vierge mais d’une Vierge mariée. 

Les répons nous font sans cesse entendre le même leitmotiv et cette répétition est saisissante. 
“ Sanctifiez-vous et soyez prêts, car demain vous verrez
La gloire de Dieu parmi vous ?
Aujourd’hui vous saurez que le Seigneur va venir
Et demain vous verrez
La gloire de Dieu parmi vous” (Rép.).  
Demeurez fermes dans la confiance et contemplez le secours du Seigneur sur vous,
O Judée et Jérusalem, ne craignez pas :
Demain vous sortirez et le Seigneur sera avec vous,
Sanctifiez-vous, enfants d’Israël, et soyez prêts” (Rép.).  
“ Sanctifiez-vous, enfants d’Israël, dit le Seigneur, car demain le Seigneur va descendre
Et enlever de vous toute infirmité ;
Demain la dette du péché de la terre sera supprimée
Et le Sauveur du monde régnera sur nous. ” (Rép.). 
Avec la première prière du matin, les Laudes, l’Office prend un caractère festival (à partir de là, l’Office est double). Quand, le matin, le soleil se lève, l’Église voit déjà venir le Sauveur de Noël : “ Comme un soleil, se lève le Sauveur du monde et il descend dans le sein de la Vierge comme la rosée sur l’herbe, Alleluia. ” 

La Vigile de Noël revêt à Prime une solennité particulière ; c’est l’annonce du jour de la naissance du Christ, chantée sur une mélodie chorale spéciale. Dans let ; Communautés où l’on cultive la liturgie, le chantre revêtu de l’aube et de la chape violette, s’avance au milieu du chœur, accompagné de ministres portant des cierges et l’encensoir. Il commence par encenser le martyrologe qui repose sur un pupitre recouvert d’un voile violet et commence à chanter ce qu’on lira plus loin, après avoir annoncé la date du mois et le jour de la lune. Tout le monde est debout, la tête découverte ; à ces mots : “ A Bethléem ” on tombe à genoux et à ces mots : “ La naissance de Notre Seigneur ”, tous se prosternent à terre pour offrir une première adoration au Fils de Dieu fait homme. Le chantre chante donc, ainsi en indiquant les dates à la manière antique : 

“ En l’an 3199 après la création du monde quand Dieu au commencement fit le ciel et la terre ; 
En l’an 2759 après le déluge ;
En l’an 2015 après Abraham ;
En l’an 1510 après la sortie du peuple d’Israël de l’Égypte, sous la conduite de Moïse ; 
En l’an 1032 après que David eut reçu l’onction royale ; 
En la 65e semaine d’année après la prophétie de Daniel ; 
En la 194e Olympiade, en l’an 752 de la fondation de la ville de Rome ; 
En l’an 42 du règne d’Auguste Octavien, quand la paix fut établie dans le monde entier ; 
En la sixième époque de l’histoire du monde ; 
Alors Jésus-Christ, Dieu éternel et Fils du Père éternel, voulut sanctifier le monde par la grâce de sa venue ; 
Il fut conçu du Saint-Esprit et après l’espace de neuf mois (on s’agenouille) à Bethléem, dans la tribu de Juda, il naquit comme homme de la Vierge Marie : 
La naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ dans la chair. 

Après s’être prosternés, les assistants se relèvent et le reste du Martyrologe est lu par le lecteur à la manière ordinaire.
     
Pendant le jour, nous chantons de courtes antiennes qui toutes résument l’attente immédiate. 

A Prime. “ Judée et Jérusalem, ne craignez pas, demain vous sortirez et le Seigneur sera avec vous, Alleluia. ”

A Tierce. “ Aujourd’hui vous saurez que le Seigneur — va venir et demain vous contemplerez sa gloire. ” 

A Sexte. “ Demain sera détruite l’iniquité de la terre et sur nous règnera le Sauveur du monde. ” 

A None. “ Demain vous recevrez le salut, dit le Seigneur, le Dieu des armées. ” 

A l’Office du soir, les Vêpres nous font déjà entendre les premiers accents de la fête de Noël. L’attente est devenue la certitude heureuse de la possession. Il y a dans les antiennes comme un désir apaisé et un calme majestueux : “ Le Roi pacifique est glorifié, lui dont toute la terre désire voir le visage. ” — “ Les jours sont accomplis où Marie devait enfanter son Fils premier-né. ” — “ Sachez que le royaume de Dieu est proche, en vérité, je vous le dis, il ne tardera pas. ” — “ Levez la tête, voici que votre Rédemption est proche. ” 

Dans sa certitude, l’Église chante, au coucher du soleil : “ Lorsque le soleil se sera de nouveau levé dans le firmament, vous verrez le Roi des rois qui procède du Père comme un Époux qui sort de la chambre nuptiale ” (Ant. Magn.).