23 NOVEMBRE - Saint Clément, pape et martyr (double)

“ L’Agneau de Dieu lui apparut, de dessous les pieds duquel jaillissait une source ”
1. Saint Clément, disciple de saint Pierre, régna comme pape de 90 à 101 ; saint Paul le mentionne (Phil., IV, 3) comme son compagnon. Sa lettre aux Corinthiens est une vénérable relique de ce Père Apostolique. Le bréviaire raconte ceci à son sujet : Son zèle pour les âmes le fit bannir par l’empereur Trajan en Chersonèse (presqu’île de Crimée), où il trouva 2000 chrétiens que ce même empereur y avait exilés. En arrivant parmi eux, saint Clément se mit à les consoler : “ Tous criaient d’une seule voix : Priez pour nous, saint Clément, afin que nous soyons dignes des promesses du Christ. Il leur dit : Ce n’est pas à cause de mes mérites que le Seigneur m’a envoyé à vous pour me faire partager votre couronne” (5e répons). Comme ils se plaignaient d’être forcés d’aller chercher de l’eau potable à six milles de distance, il leur donna ce conseil : “ Prions tous le Seigneur Jésus-Christ d’ouvrir une source pour ses confesseurs ” (Ant. de Magn. aux 1res vêpres). “ Pendant que saint Clément priait, l’Agneau de Dieu lui apparut, sous les pieds duquel coulait une source d’eau vive ” (4e répons). Ace miracle, “ tous les païens des environs embrassèrent la foi ” (Ant.). Lorsque Trajan en eut connaissance, il donna l’ordre de jeter Clément à la mer avec une ancre au cou : “ Quand il commença à se diriger vers la mer, le peuple s’écria d’une voix forte : Seigneur Jésus-Christ, sauvez-le. Mais Clément disait en pleurant : Père, recevez mon esprit ” (Ant. de Ben.). Les chrétiens allèrent sur le rivage prier Dieu de leur rendre le corps. Alors, la mer s’étant retirée à trois milles, ils trouvèrent le corps du saint dans un sarcophage de pierre, placé à l’intérieur d’une petite chapelle de marbre, et à côté de lui l’ancre. “ Vous avez, Seigneur, préparé dans la mer une demeure à votre martyr Clément, à la manière d’un temple de marbre fabriqué par la main des anges ” (6e répons). Le corps de ce saint fut apporté plus tard, sous Nicolas 1er (858-67), à Rome par les deux apôtres des Slaves, les saints Cyrille et Méthode, et déposé dans l’église qui lui est dédiée (Saint Clément). Cette église est l’une des plus vénérables de Rome parce qu’elle montre encore parfaitement l’ancienne ordonnance liturgique de la primitive Église.
2. La Messe (Dicit Dominus). — La messe se compose en grande partie de textes du commun (autrement dit de formules qui ne lui sont pas particulières) et, pour une part moins importante, de textes propres (Intr. et Ép.). La messe nous montre le pontife, une image du Pontife divin. A l’Introït, nous entendons le Seigneur conférer sa mission à notre saint, comme il le fit pour les anciens prophètes. Dieu lui parle : sa parole, qui est la parole de Dieu, et son sacrifice seront efficaces. Le psaume que nous chantons est le “ cantique de l’homme juste ” ; ce juste est saint Clément, qui fut fidèle à Dieu et miséricordieux envers ses semblables. A l’Oraison, nous prions pour obtenir le courage dont il a fait preuve dans sa passion. L’Epître (la même que celle du 23e dimanche après la Pentecôte) a été choisie parce que le nom de saint Clément y figure : “ Son nom est inscrit dans le livre de vie. ” Mais nous pouvons aussi considérer le passage comme un sermon que le saint nous adresse et y souligner particulièrement les pensées de la parousie. Dans les chants intermédiaires, le “ prêtre couronné” se tient devant nous. L’Evangile et la Communion nous montrent le serviteur vigilant qui a pris fidèlement soin de sa famille et que le Seigneur a trouvé vigilant (c’est notre saint Clément ; c’est aussi ce que nous devons être, nous qui sommes mystiquement unis à lui). Ce passage a d’autant plus de valeur pour nous qu’il se réfère aux paroles du Christ sur la fin du monde. Il convient très bien pour les dernières semaines de l’année ecclésiastique. L’office de saint Clément tout entier est enveloppé de l’atmosphère de la parousie. L’Agneau sous les pieds duquel jaillit une source est l’image du Saint-Sacrifice de la Messe qui nous apporte aussi le rafraîchissement, à nous, enfants des hommes, exilés et assoiffés.

3. Sainte Félicité est la mère des sept frères (voir 10 juillet) qui furent martyrisés sous ses yeux.