23 FÉVRIER - Saint Pierre Damien, évêque et docteur de l’Église (double)

Principe du saint :. La langue qui à l’honneur de se rougir du sang de l’Agneau immaculé, du Verbe suprême, devrait considérer comme indigne d’elle de se souiller dans la lie des vains propos.”
     
1. Saint Pierre Damien : Jour de mort : 22 février 1072. Tombeau : dans l’église des cisterciens de Faënza (Italie). Image : On le représente en ermite, le chapeau de cardinal à côté de lui, ou encore comme pénitent, avec une discipline. Vie : Saint Pierre Damien est du nombre des grands et véritables réformateurs de l’Église au Moyen Age ; c’est même un des hommes les plus extraordinaires de tous les temps. Dans le savant, on admire la profondeur et la variété des connaissances ; dans le prédicateur de la parole divine, la franchise apostolique ; dans le moine, l’austérité et la mortification ; dans le prêtre, la piété et le zèle des âmes ; dans le cardinal, la fidélité et l’attachement au Saint-Siège. On admire, en général, son dévouement sans réserve pour le bien de l’Église. Il mourut en 1°72. La messe (In medio) est du commun des docteurs de l’Église.
     
2. Quelques traits de sa vie. Des saints comme Pierre Damien ont aussi des tentations à combattre et des faiblesses à surmonter. C’est ce que nous montrent les aveux suivants :
     
“ Malheur à moi, misérable. Tout ce qui est mauvais, je l’ai fait. Dans une vie si longue, je n’ai, pour ainsi dire, accompli aucun commandement de Dieu... Il est surtout un défaut que je dois pleurer amèrement, c’est mon goût pour les propos bouffons. De tout temps, ce défaut m’a donné bien du tracas et, même après mon entrée au monastère, il ne m’a pas entièrement quitté. J’ai, certes, lutté contre ce monstre ; avec le marteau de l’austérité je lui ai brisé ses dents méchantes... J’ai réussi pour un temps à l’enchaîner, mais je n’ai jamais pu le vaincre complètement. Même sous le prétexte de joie spirituelle, quand je veux me montrer joyeux à mes frères, je tombe dans de vains propos.”
     
“ Moi aussi, pauvre écrivain, je souffre de ma nature excitable. Souvent la plus petite injure m’enlève la paix de l’âme. Mais quelles que soient les exigences de la colère, qu’elle fasse rage, qu’elle écume, qu’elle grince des dents, je lui refuse mon secours extérieur autant que cela m’est possible. Je ne lui donne pas ma main pour frapper. Je ne remue ni ma langue ni mes lèvres pour qu’elle ne puisse pas exhaler sa bile amère. Qu’on me fasse ce qu’on voudra, je pense ainsi : Je dois conserver en moi la patience, et ce n’est pas de la vertu des autres que je puis attendre ma récompense. Là où aucune attaque n’oblige au combat, il n’y a pas non plus de couronne de victoire.”
     
“ Parfois, s’enflamme en moi le feu de la sensualité qui excite mon cœur et mes membres. Quoi qu’elle fasse, elle non plus n’aura pas mon secours. Je puis bien contenir la nature par ma raison, mais il est impossible de l’anéantir. Je puis la réduire au silence, mais non l’étouffer.”
     
Il écrit une fois à son jeune neveu : “ Pour chasser de ton champ la bête enragée — s’il est permis de s’exprimer en figure — ne néglige jamais de te soutenir chaque jour par la réception du corps et du sang du Seigneur. L’ennemi secret doit voir tes lèvres rougies du sang du Christ. Cette vue le fait frémir et reculer ; il s’enfuit immédiatement, plein d’effroi, dans sa sombre retraite.”

“ Je connais un frère dans le Christ qui est, pour ainsi dire, toujours prêt à partir. S’il lui survient une tentation de sensualité, il dit à son âme : “ Viens, nous allons faire une promenade.” Il parcourt alors en esprit tous les lieux de sépultures et tous les cimetières. Quand il songe que toute la chair, qui est, là, soumise à une telle calamité, fut autrefois fraîche et florissante, il ne doute pas que son corps aura bientôt le sort de ceux-là Il en a bientôt fini avec la volupté celui qui dirige son regard vers la pourriture. Là où se trouve un tombeau, la volupté ne s’élève pas.”