22 JUILLET - Sainte Marie-Madeleine, pénitente (double).

Parce qu’elle a beaucoup aimé...
     
1. Sainte Marie-Madeleine. — L’Église honore d’un culte particulier les personnes qui vécurent dans l’entourage de Jésus. Le missel et le bréviaire appellent Marie-Madeleine “ pénitente ”, cas unique dans les livres liturgiques. — Qui était-elle ? Les Évangiles mentionnent trois femmes qui retiennent ici notre attention. 1° La “ pécheresse” qui, chez Simon le Pharisien, arrosa de ses larmes les pieds du Sauveur (Luc, VII, 36 et suiv. Évangile de ce jour). 2° Marie de Béthanie, sœur de Lazare et de Marthe, dont parlent saint Luc (X, 38) et saint Jean (XI, 2 et XII, 3). (La fête de sainte Marthe arrivera dans huit jours). 3° Marie-Madeleine, une des pieuses femmes qui accompagnaient le Sauveur, et qui fut délivrée par lui de sept démons (Marc, XVI, 9 ; Luc, VIII, 2). On remarque surtout sa présence au moment de la mort et de la résurrection du Seigneur. S’agit-il de trois personnes différentes ? Est-ce la même au contraire ? Depuis les premiers siècles les avis sont partagés. Saint Augustin et saint Grégoire le Grand sont pour la seconde opinion, admise aussi par la liturgie romaine et appuyée incontestablement sur d’excellentes raisons tirées de la sainte Écriture.
     
Voici, puisés dans les évangiles, les traits principaux de la vie de sainte Marie-Madeleine. Bien qu’elle apparût à une pieuse famille, elle s’était égarée dans les sentiers du mal. Convertie par la prédication et la personnalité du Sauveur, elle répare le scandale qu’elle a causé, en inondant publiquement de ses larmes les pieds du Maître. Elle fait dès lors partie du groupe des saintes femmes qui l’accompagnent et le servent dans ses pérégrinations. Nous la voyons, avec son frère Lazare et Marthe sa sœur, dans la demeure hospitalière de Béthanie où elle reçoit le Sauveur et écoute avidement sa parole ; nous la voyons présente à la résurrection de Lazare. Au dernier repas, elle répand un vase de parfum sur la tête de Jésus “ pour sa sépulture”, et c’est alors que le Sauveur lui-même prédit comment on en honorera le souvenir : “ En vérité, je vous le dis, partout où sera prêché cet évangile, dans le monde entier, ce qu’elle a fait sera raconté en mémoire d’elle ”. Pendant la Passion, elle se tient avec Marie et Jean au pied de la Croix ; elle aide à ensevelir le Christ. La première, elle le voit ressuscité et, la première, elle accourt en porter la nouvelle aux Apôtres (Jean XX, 18). C’est pour cela qu’on l’a surnommée “ Apostola apostolorum ” et qu’on récite le Credo à la messe le jour de sa fête, privilège qui lui est réservé à elle seule, avec Marie, parmi les saintes femmes. A partir de là on ne sait rien de certain sur son existence. — Il est intéressant de remarquer que l’Église grecque célèbre sa fête le même jour que l’Église latine, sans mentionner toutefois la Pécheresse et la Pénitente. D’après une tradition orientale, Lazare serait mort dans l’île de Chypre, d’où ses restes auraient été transportés à Constantinople, en 899. Le corps de sa sœur Marie, que l’on croyait, au VIe siècle, ensevelie à Éphese, y aurait été de même transfere. Au IXe siècle, on amena quelques-unes de leurs reliques à l’abbaye d’Andlau, en Alsace. Plusieurs traditions occidentales parlent de la venue de sainte Marie-Madeleine en Gaule, notamment de son séjour en Provence, en compagnie de saint Lazare et de sainte Marthe, et de sa mort à la Sainte-Baume (la grotte sainte), au diocèse d’Aix, où se trouverait son tombeau. Vézelay (diocèse de Sens) revendique de son côté l’honneur de posséder son corps dans la magnifique basilique qui lui a été élevée.
     
2. La messe (Me expectaverunt). — Il nous est facile de nous appliquer les allusions mystiques qu’elle contient. A l’Introït, nous nous libérons avec Marie-Madeleine des entraves du monde pour nous engager sur la voie d’innocence du Christ. (Heureux les hommes irréprochables dans leur voie...). La leçon, extraite du Cantique des Cantiques, nous fait partager l’ardent amour de la Pénitente : “ J’ai trouvé celui que mon cœur aime ; je l’ai saisi et ne le laisserai pas aller... Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras ; car l’amour est fort comme la mort... ” L’Évangile raconte l’admirable et inoubliable scène où la Pécheresse couvre de ses pleurs les pieds de Jésus, les essuie de ses cheveux, et entend le mot du pardon : “ Ses nombreux péchés lui sont pardonnés parce qu’elle a beaucoup aimé ”. — Que le Saint-Sacrifice soit pour nous la réalisation mystique de cette même scène. A l’Offertoire : nous nous rendons au repas du Seigneur, nous baignons ses pieds de nos larmes, nous y répandons le baume (le Seigneur agrée ce service charitable dans la personne des pauvres). A la Communion, nous recevons la parole du pardon : l’Eucharistie en est le signe visible.
     
3. La prière des Heures. — Le bréviaire renferme aujourd’hui quelques beaux passages. Nous y trouvons de précieuses réflexions sur la Pénitente, dues à saint Grégoire et saint Augustin. “ Marie-Madeleine, connue dans la ville comme pécheresse, en aimant celui qui est la Vérité, a lavé de ses larmes les taches de ses fautes. Et la parole de celui qui est la Vérité s’est accomplie : Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. Plus de froideur, comme au temps de la vie pécheresse ; mais, dans le cœur de Madeleine, l’amour le plus ardent. Toujours près du sépulcre alors que les disciples s’en éloignaient, elle continuait de chercher celui qu’elle ne trouvait pas... Aussi arriva-t-il que seule elle le trouva, parce que seule elle était restée à sa recherche ; c’est, en effet, la persévérance qui donne à une bonne œuvre son mérite ”. La fête de ce jour possède plusieurs hymnes propres.