21 SEPTEMBRE - Saint Matthieu, Apôtre (double de 2ème cl.)

“ Viens à ma suite” — Matthieu se leva et le suivit
         
1. Saint Matthieu. — Tombeau : Mort en Perse ; Grégoire VII fit transporter son corps (6 mai 1084) à Salerne (Italie). Vie : Saint Matthieu nous est cher aussi bien comme homme que comme Apôtre et évangéliste. Nous connaissons l’histoire de sa conversion et de sa vocation. Les saints qui n’ont pas trouvé la sainteté dans leur berceau, mais qui ont dû s’arracher à la vie et au service du monde pour suivre le Christ, nous attirent davantage parce qu’ils sont plus près de nous. Matthieu appartenait à la profession décriée de publicain dont les membres étaient en partie des pécheurs ; il y avait assurément dans cette profession un certain nombre d’hommes qui valaient mieux que leur réputation. Nous ne savons rien sur la période qui précéda la conversion de Matthieu. Il connaissait sans doute le Seigneur et devait avoir écouté déjà son enseignement. Il est vraisemblable qu’il était, avant cette époque, disciple de saint Jean Baptiste. L’appel et le regard du Seigneur opérèrent sa conversion. Quitter une situation assurée et de tout repos pour suivre le Maître dans l’inconnu était une résolution qui demandait du courage. Qu’il est beau aussi de voir Matthieu offrir à ses collègues, les publicains, un repas d’adieu auquel le Maître prit part avec ses disciples ! Après son appel à l’apostolat, il n’est plus question de lui dans la Sainte Écriture ; plus tard il alla, comme les autres Apôtres, chez les nations païennes ; la légende dit : en Perse, où il cueillit la palme du martyre. Son corps fut transporté à Salerne (1084) et déposé en grande pompe dans l’église qui lui fut consacrée par le pape Grégoire VII (Martyrologe du 6 mai). Mais nous possédons de saint Matthieu un legs encore plus précieux, son Evangile.
            
2. La Messe (Os justi). — La messe se distingue des autres messes d’Apôtres. Au point central figurent l’appel et la conversion de l’Apôtre (Év.). Aujourd’hui, saint Matthieu peut nous raconter lui-même l’histoire de sa conversion et de sa vocation. L’Evangile est en même temps une belle image de la messe : nous aussi, au Saint-Sacrifice, nous sommes à table avec les publicains et nous recevons du Maître l’assurance qu’il appelle les pécheurs. La Leçon parle des chérubins qui se tiennent devant le trône de Dieu. Les quatre figures sont employées par les Pères et par l’Église comme symboles des quatre évangélistes, d’où leur utilisation dans la fête d’aujourd’hui. A l’Introït, le saint évangéliste ouvre la bouche pour faire sa profession de foi ; à l’Offertoire et à la Communion, nous le voyons dans sa gloire.
         
3. L’Evangile de saint Matthieu. — L’ami de la liturgie doit se montrer particulièrement empressé à lire les Evangiles et à connaître les particularités de chacun d’eux. L’Evangile de saint Matthieu fut écrit, dans sa rédaction originale, en araméen et traduit plus tard en grec. Malheureusement nous ne possédons plus le texte original. C’est le récit le plus détaillé de la vie du Christ. Saint Matthieu composa son Evangile comme lettre d’adieu aux Juifs avant son départ de Palestine ; il voulait leur démontrer que Jésus de Nazareth, bien qu’ayant été rejeté par les Juifs, était le Messie promis. L’Evangile est composé dans un ordre systématique plutôt que chronologique, c’est-à-dire qu’il ne présente pas les événements de la vie de Jésus dans l’ordre où ils se sont succédés, mais dans l’ordre des matières ; ce qui se remarque en particulier dans les chapitres dits des miracles (ch. 8 et 9), où des miracles appartenant à différentes époques ont été réunis. Il faut remarquer le plan tout à fait artistique de l’Evangile, dans lequel le symbolisme des Ii nombres, cher aux Juifs, joue un rôle. L’ensemble de l’Evangile se divise en sept grandes parties dont chacune comporte deux sections : des discours et des récits. La deuxième partie (ch. 5-9) en fournit un bel exemple : dans la première section, nous voyons le Maître qui prononce son sermon sur la montagne (ch. 5-7) ; dans la seconde, le thaumaturge (ch. 8-9). Saint Matthieu veut nous dire : voilà ce qu’il enseigne, mais ses miracles prouvent qu’il a le droit de parler ainsi. Le livre contient cinq grands discours qui sont symétriquement répartis. Les deux plus longs sont l’un au début, l’autre à la fin : le sermon sur la montagne et le discours sur la fin du monde. Au milieu, le discours prononcé sur la mer ; puis, dans l’intervalle, encore une instruction aux disciples. Saint Matthieu nous a transmis les discours du Seigneur de la façon la plus detaillée ; Il nous présente le SeIgneur tout près de nous sous son aspect humain ; c’est pourquoi, dans l’histoire de la Passion, Il nous montre aussi ses souffrances humaines. Notons encore que, si l’évangéliste insiste si volontiers sur l’accomplissement des prophéties, c’est qu’il écrit pour des Juifs et des Judéo-chrétiens. — Le lecteur devrait bien faire une fois l’étude approfondie de l’Evangile en se guidant sur les points de repère mentionnés ci-dessus.