20 AOUT - Saint Bernard, Abbé et Docteur de l’Église (double).

Le Docteur melliflue.
     
1. Saint Bernard. — Jour de mort : 20 août 1153, à l’âge de 62 ans. Tombeau : Dans l’église abbatiale de Clairvaux (devant l’autel de la Très Sainte Vierge). Vie : Saint Bernard, le second fondateur de l’Ordre des Cisterciens, est surnommé le Docteur “ melliflue ” (Doctor mellifluus). Ses sermons, que nous trouvons en grande partie au bréviaire, sont remarquables par la profondeur extraordinaire du sentiment. On lui attribue l’admirable “ Memorare ”. Saint Bernard est né, en 1090, d’une famille de vieille noblesse bourguignonne ; il entra à 22 ans au monastère de Cîteaux, berceau de l’Ordre des Cisterciens, et détermina 30 jeunes gens de son rang à le suivre. Il fut bientôt promu abbé de Clairvaux (1115) et construisit de nombreux monastères dans lesquels survécut pendant longtemps son esprit. Son élève, Bernard de Pise, devint pape plus tard sous le nom d’Eugène III ; c’est à lui qu’il dédia son ouvrage, écrit en toute franchise, le “ De consideratione ”. Il exerça une puissante influence sur les princes, le clergé et le peuple de son temps. Il fut aussi un apôtre zélé de la croisade. — La messe (In medio) est du commun des docteurs (explication, voir l’appendice, p. 792) toutefois avec une leçon propre qui a rapport à la vie contemplative du saint moine. Nous voyons Bernard prier pendant la nuit ; avec sa famille monacale il observe les veilles nocturnes ; nous le voyons gouverner son monastère avec prudence ; il est attentif au maintien de la discipline de l’Ordre. Son souvenir est toujours vivant dans son Ordre et dans l’Église.
     
2. La communauté. — Notre saint, comme illustre abbé et fondateur de monastères, a cultivé et porté très haut l’esprit de communauté ; nous sommes justement frappés aujourd’hui que la messe “ In medio ” contienne un si grand nombre de pensées communautaires. Nous pourrions presque l’intituler : “ Le Docteur de l’Église au service de la communauté ”. Montrons cela dans quelques passages. A l’Introït, la liturgie voit le saint docteur “ au milieu de l’Église ” ; c’est Dieu lui-même qui lui “ ouvre la bouche ”. Et sa voix ne se perd plus dans l’Église. Comme jadis, il est encore maintenant et toujours docteur ; aujourd’hui encore il enseigne dans la messe. L’Oraison exprime cette pensée : Dieu a constitué “ pour son peuple ” notre saint comme “ serviteur” et guide du “ salut éternel ” ; il exerce ce service à l’égard du corps mystique de deux façons : il fut sur terre un “ doctor vitae ”, c’est-à-dire un docteur de la vie éternelle ; il est au ciel un “ intercessor ”, c’est-à-dire qu’il prie pour nous. Dans cette prière nous apprenons à connaître le service rendu par le saint à la communauté de l’Église. L’Évangile renferme tout particulièrement des pensées communautaires. Le Christ nous enseigne les devoirs envers la communauté par quatre comparaisons : celles du sel, de la lumière du monde, de la ville sur la montagne et de la lumière dans la maison. Pénétrons le sens de ces comparaisons : le sel doit empêcher la viande de se corrompre ; ainsi le chrétien doit, non pas tant par ses paroles ni par son action que par sa présence même, empêcher la propagation de corruption morale. C’est ce que dit expressément la seconde comparaison : le soleil est la lumière du monde ; le chrétien doit être soleil ; le soleil donne vie, croissance, chaleur, lumière, joie. Le chrétien est la ville sur la montagne. c’est la figure de l’Église. Dans chaque vrai chrétien l’Église doit apparaître aux hommes ! La quatrième comparaison est tout à fait remarquable : Tu dois être une lumière dans la maison ; ton devoir est de faire briller la lumière du Christ au sein de la famille ; service Important envers la communauté la plus intime, la famille. Appliquons maintenant ces quatre comparaisons à la vie de saint Bernard : l’abbé et l’homme surnaturel, voilà ce qu’il fut pour son temps, pour son Ordre, pour son monastère ! Allons et faisons de même ! Enfin la Communion nous donne une belle image de la communauté : Pendant que le prêtre accomplit l’acte le plus élevé de la communauté, pendant qu’il nourrit au nom du Christ sa sainte famille du pain céleste (communion = communauté), l’Église se souvient du saint abbé qui fut placé par le Seigneur dans sa famille liturgique comme administrateur et père, qui remplit sa charge “ avec fidélité et prudence ” et distribua à sa “ famille” la “ mesure de froment ”, du froment terrestre, mais aussi du froment céleste, la doctrine et l’Eucharistie. En notre Abbé l’Église se voit elle-même ; elle est la mère “ fidèle et prudente ” qui distribue à sa famille maintenant encore à la messe, “ en temps opportun ”, c’est-à-dire tous les jours, le Froment céleste.