“ Dieu a donné ordre à ses anges de te garder ”
1.La fête des Anges Gardiens. —
L’Église vit dans le royaume du surnaturel ; c’est pourquoi elle
entretient des rapports très intimes avec les esprits du monde surnaturel, les
anges. Il suffit de suivre l’ordinaire de la messe pour y rencontrer sans cesse
les anges, soit que nous nous rappelions leur présence, soit que nous les
entendions chanter leurs hymnes (Gloria, Sanctus), soit que nous admirions la
façon dont ils servent Dieu et les hommes. Mais, aujourd’hui, l’Église veut
nous faire célébrer une manifestation particulièrement gracieuse de la
Providence divine envers nous, les hommes ; je veux dire cette fête des
Anges Gardiens, qui nous rappelle que Dieu a donné à chacun de nous un ange
spécialement chargé de le protéger et qui l’accompagne pendant toute sa vie, du
berceau à la tombe. Cette fête n’est pas très ancienne et cependant elle est
très populaire. Elle est, à proprement parler, l’extension de la plus ancienne
des fêtes d’anges, celle de l’archange saint Michel. Nous avons fêté celui-ci
comme ange gardien de 1"Église universelle.
2. La Messe (Benedicite). — Le
texte de la messe est emprunté en partie à la fête de saint Michel (Evangile
et Chants). La Leçon nous demande de prêter l’oreille à la voix de
l’ange gardien : “ Voici que j’envoie mon ange afin qu’il marche devant
toi. Qu’il te garde en cours de route et te conduise au lieu que j’ai préparé
(la liturgie entend certainement par là le ciel). Aie les yeux fixés sur lui,
écoute sa voix et ne t’imagine pas pouvoir le dédaigner... ”
3. Les Heures. — Les psaumes
des matines sont empruntés au “ commun des anges ” ; on a choisi ceux où
il est question des anges (ps. 8,10 [spiritus], 33,102) ou du ciel (ps. 14, 18,
23). Toutefois ce n’est là que le motif externe du choix : dans notre
prière, ce sont des psaumes de louange et de confiance ; nous devons prier
en nous unissant au chœur des anges et en mettant notre confiance en leur
protection. Les leçons sont tout à fait suggestives. Au second nocturne, le
docteur melliflue, saint Bernard, prononce ces paroles : “ Marchez avec
circonspection, comme quelqu’un qui est entouré par les anges, sur tous vos
chemins, conformément à l’ordre qui leur a été donné ! Partout où vous
vous trouvez, observez en ce lieu une crainte respectueuse à l’égard de votre
bon ange. N’osez pas faire en présence de votre bon ange ce que vous n’oseriez
pas faire sous mes yeux. ” — “ Témoignons donc, mes frères, un profond
amour aux anges ! Un jour, ils seront nos cohéritiers ; mais, pour le
moment, ils sont, par la volonté du Père, nos avocats, nos protecteurs et nos
guides. Que pouvonsnous craindre sous la protection de tels gardiens ? Ils
ne peuvent être ni vaincus ni trompés ; encore moins peuvent-ils nous
égarer, ceux qui nous gardent sur tous nos chemins. Ils sont fidèles, prudents,
puissants : pourquoi donc craindrions-nous ? Suivons-les, tenons-nous
fermement unis à eux et nous demeurerons sous la protection du Dieu du ciel.
Chaque fois que nous voyons une violente tentation nous presser ou une dure
affliction nous menacer, faisons appel à notre protecteur, à notre guide, à
notre soutien en toute occasion et nécessité. Crions vers lui et
disons-lui : “ Seigneur, au secours, nous périssons. ”
4. Les Anges à la messe. —
Remarquons le rôle joué par les anges, en particulier par saint Michel, dans le
mystère de la messe : L’ordinaire de la messe fait mention d’eux en cinq
endroits. Quand, au pied de l’autel, nous nous préparons au saint sacrifice par
le repentir, saint Michel se tient devant nous comme accusateur et intercesseur
(au confiteor) ; il est notre capitaine dans le combat contre l’enfer. Que
de fois nous avons été de lâches combattants ! Le Gloria est un chant
angélique, que nous chantons, unis aux anges, au-dessus de la campagne de
Bethléem. A l’Offertoire, comme le dit la liturgie, “ l’archange saint
Michel se tient à la droite de l’autel de l’encens ” et, pendant l’encensement,
intercède pour nous avec tous les élus. Ici s’exprime cette idée de la Sainte
Écriture que les anges portent sur les nuages de l’encens les prières et les
bonnes œuvres des hommes devant le trône de Dieu. A l’instant le plus saint du
sacrifice, il y a là des milliers d’anges “ adorant, louant, animés d’un
frémissement de profond respect, célébrant Dieu avec une commune allégresse
”) ; nous nous unissons à eux au Sanctus dans une profonde humilité pour
louer et remercier. Nous sommes donc pénétrés de cette vivante certitude que, à
la consécration, le Roi des cieux, entouré d’innombrables cohortes angéliques,
descend sur l’autel. Les anges peuvent nous enseigner un grand art, celui de la
prière. — Au point culminant du Canon, nous voyons notre sacrifice “ porte par
la main de l’ange sur l’autel céleste devant les regards de la Divine Majesté
”). La messe finie, le désir de l’Église est que nous nous tournions encore une
fois vers l’archange saint Michel, “ afin qu’il nous défende dans le combat
contre le mal et les embûches du démon ”.