1er AOUT - Saint Pierre ès Liens (double-majeur).

Brisez, ô Pierre, sur l’ordre de Dieu, nos liens d’ici-bas, vous qui ouvrez aux bienheureux le royaume des cieux.
    
Le texte de l’antienne de Magnificat et du verset de l’alleluia est extrait d’une inscription en vers qu’on lit dans la basilique de Spolète où fut primitivement déposée une partie de la chaîne de saint Pierre.
     
1. Saint Pierre ès Liens. — Huit jours après ta fête de saint Jacques, le premier martyr parmi les Apôtres, nous commémorons l’arrestation de leur chef et sa miraculeuse délivrance. Fixée au jour anniversaire de la Dédicace de la basilique “ S. Petri ad vincula ”, cette fête nous montre de quelle manière Dieu protège son Église et ceux qui la dirigent. Voici, d’après le vivant récit des Actes, les événements rappelés aujourd’hui à notre souvenir (XII, 1-19). Treize ans environ après la mort du Sauveur éclata la seconde persécution contre les chrétiens de Jérusalem, Hérode Agrippa, troisième potentat de ce nom mal famé, voulut se gagner ta faveur des Juifs au prix de la tête des Apôtres. Jacques fut sa première victime. C’était maintenant le tour de Pierre ; quelques jours après Pâques, il devait être condamné devant l’assemblée du peuple. “ Ainsi Pierre était étroitement gardé dans sa prison. Mais l’Église faisait à Dieu pour lui d’incessantes prières. Or, la nuit même qui précédait le jour marqué pour son exécution, l’Apôtre fut soudain éveillé par un ange qui lui ordonna de se lever, “ et les chaînes tombèrent de ses mains ”. L’ange le fit traverser les corps de garde, franchir la porte de fer de la prison, et le quitta en le laissant dans la rue. Pierre comprit alors que ce n’était pas un rêve, mais la réalité : “ Je reconnais maintenant que Dieu a envoyé véritablement son Ange et qu’il m’a délivré de la main d’Hérode ” (paroles que la liturgie répète d’une façon saisissante dès le début de la messe. Elle nous met soudain, pourrait-on dire, en présence de l’Apôtre qui, luimême, nous annonce la nouvelle). Pierre n’hésita pas longtemps ; la nuit était avancée ; dès l’aurore, il devait être hors de Jérusalem. Il se rendit en hâte à la maison de Marie, mère de Marc l’Évangéliste, lieu de réunion, première église des chrétiens. Il frappa. Les gens n’étaient pas encore partis. Une servante vint à la porte, reconnut la voix de Pierre et, dans sa joie, courut l’annoncer en oubliant d’ouvrir. “ Vous êtes folle ”, lui répondit-on. L’Apôtre continuant de frapper, on le fit entrer. Il raconta alors sa miraculeuse délivrance, donna ses ordres et quitta la ville. Où alla-t-il ? Les Actes évitent de le dire pour ne point trahir sa retraite. La tradition veut que ce soit à Rome dont il aurait ainsi été l’évêque pendant vingt-cinq ans (42-67). Eudoxie, fille de Théodose II le Jeune, fit don des chaînes portées par saint Pierre pendant sa captivité, sous Hérode Agrippa, au pape, qui possédait déjà celles dont l’Apôtre avait été chargé sous Néron. C’est ainsi que l’Église de Rome conserve depuis de longs siècles le culte de ces précieuses reliques. La basilique “ S. Petri ad vincula ” fut construite sous le pontificat de Sixte III (432-440).
     
2. La prière des Heures. — Saint Augustin écrit au sujet des chaînes de saint Pierre : “ Et ils apportaient leurs malades, lisons-nous dans le texte sacré, afin que, du moins en passant, l’ombre de Pierre les couvrit (Actes, V, 15). Si l’ombre de son corps pouvait être bienfaisante, combien plus secourable est à présent la plénitude de sa puissance ? S’il se dégageait de lui un souffle salutaire pour ceux qui l’imploraient lorsqu’il passait sur la terre, quel est son surcroît d’influence, maintenant, dans le ciel où il demeure ? C’est avec raison que toutes les Églises chrétiennes estiment plus précieuses que l’or les chaînes dont il était chargé. Si son ombre possédait un tel pouvoir de guérison quand il passait, combien plus efficaces sont les fers qui l’enchaînaient ? Si son ombre impalpable et fugitive pouvait avoir une telle puissance, combien plus de vertus les chaînes dont il a souffert et dont l’empreinte s’est gravée dans ses membres ont-elles dû en recevoir ? Si Pierre, avant son martyre, eut tant de pouvoir pour soulager ceux qui le suppliaient, combien plus de puissance a-t-il au terme de son triomphe ? Heureuses chaînes ! Menottes et entraves, vous vous êtes changées en couronne de victoires, vous avez fait de l’Apôtre un Martyr ! Heureuses chaînes ! Vous avez mené votre captif jusqu’à la Croix du Christ, non pour le condamner au châtiment, mais plutôt pour le glorifier ! ”.
     
3. Les saints Macchabées. — Le martyre des sept frères Macchabées et de leur mère eut lieu sous le règne d’Antiochus Épiphane, vers l’an 164 avant Jésus-Christ. La mère soutenant jusqu’à la fin le courage de ses fils nous apparaît surtout d’une admirable intrépidité. Vénérées d’abord à Antioche, les reliques des martyrs furent transportées, au VIe siècle, après la destruction de l’église qui les abritait, à Constantinople, puis à Rome. Le fait a été attesté, au moment de la restauration de l’aute] principal de Saint-Pierre-ès-Liens (1876), par la découverte d’un , sarcophage du IVe ou Ve siècle contenant, comme l’indiquait une inscription gravée sur des plaques de plomb, les restes des Frères Macchabées et de leur mère. — Il est rare que l’Église romaine fasse mention à la messe et au bréviaire de saints de l’Ancien Testament (cas plus fréquent dans l’Église grecque). La fête de ce jour nous apprend la possibilité du martyre pour le Christ — dans la foi et l’espérance — avant la venue du Sauveur. Elle compte parmi les plus anciennes. On lit le récit de la mort des sept frères et de leur mère dans le livre second des Macchabées, chapitre VIIe. Saint Grégoire de Nazianze se demande, au bréviaire, pourquoi les chrétiens honorent les saints de l’ancienne Loi. “ Ils méritent l’hommage de tous par le courage et la constance qu’ils ont montrés à observer les lois et les coutumes de leurs ancêtres. Puisqu’ils ont enduré le martyre avant la Passion de Jésus-Christ, que n’eussent-ils pas fait, s’ils avaient été persécuté après lui, avec l’exemple de sa mort pour notre salut ? Bien plus, une raison mystérieuse et intime, que partagent avec moi tous ceux qui aiment Dieu, me porte à croire qu’aucun de ceux qui ont souffert le martyre avant la venue du Rédempteur, n’a pu obtenir cette gloire sans la foi en Jésus-Christ ”.