18 OCTOBRE - Saint Luc, évangéliste (double de 2ème cl.)

“ L’Evangile et l’amour miséricordieux ”

1. Saint Luc nous est cher à cause de ses deux ouvrages : l’Evangile et les Actes des Apôtres. La légende fait de saint Luc un peintre qui aurait composé le portrait de la Mère de Dieu ; ce qui est vrai dans un sens plus élevé, car, dans son Evangile, il a vraiment peint Marie. Les Actes des Apôtres sont précieux pour l’ami de la liturgie, parce qu’on y sent souffler l’esprit de la primitive Église qui a fondé notre liturgie. Saint Luc est aussi le compagnon et le collaborateur de saint Paul ; il a hérité de son esprit et l’a fait passer dans ses écrits. De naissance, il était païen ; de profession, médecin à Antioche (Coloss., IV, 14) ; on ne connaît pas la date exacte de sa conversion : Nous trouvons comme disciple et compagnon de saint Paul à partir du second voyage de celui-ci. Ce que l’on nomme les Il relations-nous ” des Actes des Apôtres prouve qu’il l’accompagna jusqu’à l’époque de la première captivité à Rome (Actes des Ap., XVI, 10-17 ; XX, 5-15 ; XXI, 1-18 ; XXVII, 1-28 ; XXVIII, 1-16). Luc demeura célibataire et aurait atteint l’âge de 84 ans ; il mourut martyr à Patras, en Achaïe. En 357, ses restes furent transportés, sur l’ordre de l’empereur Constantin, avec ceux de l’apôtre saint André, à Constantinople ; ils sont maintenant à Padoue. 

2. La Messe (Mihi autem). — La messe présente les parties chantées de la messe des apôtres. Nous honorons saint Luc comme ami de Dieu et comme prince du royaume de Dieu (Intr., Offert.). L’Épître est tirée de la lettre aux Corinthiens, parce qu’il y est question de saint Luc : “ Avec Tite, nous avons envoyé le frère qui, à cause de l’Evangile, est en honneur dans toutes les communautés. ” (Il n’est pas possible de démontrer avec certitude que l’expression “ le frère ” désigne saint Luc ; le mot “ Evangile ” ne se rapporte pas dans tous les cas à l’Evangile de saint Luc). Il y a une parole de l’Épître que nous voudrons remarquer pour la conduite de notre vie : “ Soyons attentifs à faire le bien non seulement devant Dieu, mais aussi devant les hommes. ” Avant que l’Evangile ne le dise, le Graduel nous montre saint Luc “ dans le monde entier ” et annonçant la parole de Dieu. Le Christ a choisi saint Luc en le retirant du monde pour en faire un semeur de foi, afin qu’“ il porte du fruit et que ce fruit demeure ”. L’Evangile de saint Luc sur la mission des 72 disciples range notre saint au nombre, des messagers de la foi ; par son Evangile, il est un prédicateur pour tous les temps. A la Communion, nous voyons saint Luc élevé sur le trône de Dieu ; à cette élévation nous prenons part d’une façon mystique ; c’est le fruit-de la messe d’aujourd’hui. 

3. Lecture d’Écriture (Ezéchiel, 1, 1-12). — Le passage, choisi à dessein, parle d’une apparition de Dieu et de la vocation du prophète. Dans cette apparition Ezéchiel voit quatre chérubins qui ont chacun quatre visages : “ Un visage d’homme, un visage de lion, un visage de taureau et un visage d’aigle ”. Ces visages sont l’image de la plus haute force et les caractéristiques de tout ce qui compose la création. L’homme représente l’intelligence ; le lion est l’image de la majesté qui inspire le respect ; le taureau, celle de la force invincible ; l’aigle, celle de la rapidité et de la hauteur dans l’espace. Au-dessus des chérubins, Dieu est assis sur son trône. Dieu possède donc tous les attributs des chérubins à un degré éminent. — Dès la plus haute antiquité, l’Église a fait de ces quatre figures les symboles des quatre évangélistes. Saint Luc est représenté avec un taureau ; voici l’explication de ce symbole que l’évêque donnait jadis aux catéchumènes, le mercredi après le 4e dimanche de carême : “ L’évangéliste saint Luc porte le symbole du taureau, sous l’image duquel notre Rédempteur a été immolé. Saint Luc commence son Evangile avec Zacharie et Élisabeth, qui, arrivés à la vieillesse, ont donné le jour à saint Jean-Baptiste. Et voici pourquoi saint Luc est assimilé à un taureau : parce qu’il a parfaitement réuni en lui les deux cornes (les deux Testaments) et les quatre pieds (les quatre Evangiles). ” 

4. L’Evangile selon saint Luc. — Comme saint Paul n’a pas connu le Seigneur et qu’il n’a eu que peu de relations avec les apôtres et les disciples du Christ, il engagea saint Luc, qui était le plus instruit de ses compagnons, à écrire une relation de la vie et des actes de Jésus d’après les sources qui existaient. C’est ainsi que prit naissance son Evangile. Saint Luc a rassemblé toute la littérature évangélique ; il a utilisé non seulement les deux Evangiles de Matthieu et de Marc déjà composés, mais aussi d’autres sources écrites et orales, chaque fois qu’il a pu recourir à des témoins oculaires de la vie de Jésus. Il est très vraisemblable qu’il s’est mis en relation avec l’entourage de l’apôtre saint Jean et de la Mère de Dieu Ainsi parut le livre précieux dont on a dit que c’était le plus aimable qui ait été écrit. Il aime à représenter le Sauveur comme le médecin miséricordieux des maladies du corps et de l’âme. On donne volontiers à son Evangile le nom d’Evangile de l’amour miséricordieux. Les beaux passages concernant la miséricorde de Dieu envers les hommes sont tout à fait saisissants. Lisons la parabole de l’enfant prodigue, du bon Samaritain, le récit de la conversion de Marie Madeleine, celui où est présenté le bon larron en croix. Les deux premiers chapitres où il est question de l’incarnation et de l’enfance du Seigneur ont pour nous une valeur toute spéciale. Saint Luc nous a aussi transmis les trois magnifiques cantiques que nous récitons tous les jours à la prière des Heures : le Benedictus, le Magnificat et le cantique du vieillard Siméon. Dans ces deux chapitres, saint Luc a peint aussi la Mère de Dieu en traits si saisissants que s’accrédita la légende selon laquelle Luc aurait été peintre et aurait fait un portrait de Marie au pinceau. Ce n’est peut-être pas exact, mais l’Evangile de saint Luc nous donne un vrai portrait spirituel de Marie. Très précieux aussi est pour nous ce que l’on nomme le recueil de paraboles qui nous a transmis les plus belles paraboles du Seigneur. — L’ami de la liturgie devrait lire la Sainte Écriture avec plaisir et avec application, mais il devrait surtout nourrir un amour respectueux pour les Evangiles, car ceux-ci non seulement nous transmettent les paroles et les actes du Christ, mais ils sont dans la liturgie de vivants symboles du Seigneur. En un mot, dans l’Evangile, le Christ nous apparaît et nous parle.