16 JANVIER - Saint Marcel, pape et martyr (semi-double)

Épitaphe composée par saint Damase pour le pape saint Marcel.
Le pape ami de la vérité, ayant ordonné aux apostats de pleurer leur faute, fut pour tous les méchants un ennemi acharné.
Il s’ensuivit la rage, la haine, la division, le conflit, le soulèvement, le meurtre.
Les liens de la paix (de l’Église) se relâchèrent.
A cause de la faute d’un autre qui, au temps de la paix, avait renié le Christ,
Marcel fut banni du sol de la patrie par le cruel tyran[1]. 
1. Saint Marcel. — Jour de mort : 16 janvier 309. — Tombeau : à Rome, dans le cimetière de saint Priscille, plus tard dans l’église qui lui fut dédiée, sur la Via lata. Image : On le représente avec des chevaux ou des ânes, dans l’écurie où il fut obligé de les soigner comme valet d’écurie. Sa vie : Marcel régna comme pape (308-309) au temps de la dernière grande persécution, sous l’empereur Maxence. D’après l’épitaphe de saint Damase, le saint pape admit les fidèles qui avaient renié leur foi (les lapsi) à la pénitence et à la réconciliation avec l’Église. C’est ce qui lui attira la colère de la secte rigoriste et intolérante des Donatistes. Dans un soulèvement populaire, il y eut même des morts. L’empereur Maxence prit prétexte de ces troubles, pour condamner le pape au bannissement où il succomba aux privations. — L’église qui lui a été dédiée aurait, d’après les Actes (apocryphes), été érigée par lui dans la maison d’une pieuse matrone. A cette nouvelle, Maxence aurait transformé l’église en écurie de chevaux et condamné Marcel à être valet d’écurie et l’aurait attaché au service public de la poste de transport. Là il serait mort par suite des privations endurées. 

2. La messe (Statuit). — La messe est composée de différentes parties du commun et nous montre, dans les chants, le pontife (Intr. All.) qui, par sa dignité papale, a reçu cinq talents (Comm.). Les deux lectures nous représentent le martyr. Ces deux lectures sont riches de pensées. Immédiatement après la confession solennelle de saint Pierre à Césarée de Philippe, Notre-Seigneur entreprend de préparer les siens à sa mort sur la Croix ; il fait la première prophétie de la Passion et adresse à ses Apôtres le premier sermon sur la Croix ; Dans ce sermon, il fait un pas de plus : il ne suffit pas qu’il souffre lui-même, il faut aussi que ses disciples se chargent de leur croix et le suivent. Ce sermon de la Croix, l’Église nous le fait entendre dans la fête de notre martyr pontife, car celui-ci l’a mis en pratique dans sa vie : il s’est renoncé lui-même, il s’est chargé de la Croix, il a haï sa vie sur la terre, c’est pourquoi il a eu part lui aussi à cette promesse : le Fils de l’Homme viendra dans la majesté de son Père avec ses anges et donnera la récompense. Au jour de sa mort, saint Marcel a vu venir le Seigneur. Ce retour de Jésus, nous le célébrons à la messe et nous pouvons y participer. A l’Épître, le saint martyr se tient devant nous et nous parle : ce n’est qu’en participant à mes souffrances que vous pouvez avoir part à ma consolation. A la communion, nous entendons, comme saint Marcel, l’invitation du Christ : “ Entre dans la joie de ton Seigneur. ” Nous sommes émus quand nous lisons, au sujet de saint Marcel, qu’il accomplit le dur service de la poste de transports, vêtu d’un cilice. Il fut donc à la fois pénitent et martyr. Le saint nous montre par là, de quelle manière, dans les circonstances où nous nous trouvons, nous pouvons être à la fois pénitents et martyrs. La guerre a enlevé à beaucoup leur fortune, leur situation, leur rang. Certains se trouvent aux prises avec les difficultés et doivent lutter contre le mauvais sort. Ils peuvent imiter saint Marcel, en acceptant cette souffrance comme une pénitence et un martyre, c’est-à-dire comme expiation de leurs péchés et par amour pour le Christ. Alors la croix, qui jusque là pesait si lourd sur leurs épaules, deviendra un joug léger et doux. De plus, nous pouvons chaque jour déposer cette souffrance sur l’autel, au moment de l’Offrande ; elle sera consacrée avec les oblats et ne sera plus notre souffrance, mais la souffrance du Christ, une part de la Croix du Christ.
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[1] Schuster, Liber Sacramentorum, Tome VI, p. 135.