15 JANVIER - Saint Paul, premier ermite et confesseur (double) - Saint Maur, abbé

Le silence et l’obéissance sont des conditions préalables pour la bonne tenue liturgique.

1. Nos maîtres de vertu. — Les saints veulent être nos guides vers le ciel. L’Église déroule devant nos yeux la vie des saints, elle exalte leurs vertus et les propose à notre imitation. Considérons les moyens que l’Église emploie pour cela. Aux Matines, nous lisons avec attention la vie du saint, parfois même, l’Église nous fait lire quelques passages de ses écrits. A l’Oraison, il n’est pas rare que l’Église insiste sur sa vertu préférée. Dans les deux lectures de la messe (Ép. Év.) le saint est caractérisé par des paroles de l’Écriture, afin de nous exciter à l’imiter. Il y a même des messes où les chants psalmodiques sont empruntés à la vie du saint. L’Église brosse ainsi un portrait brillant du saint, elle nous invite à le contempler toute la journée et à en reproduire les traits en nous. C’est là le côté éducateur du culte des saints. Les deux saints d’aujourd’hui nous enseignent l’amour de la solitude, le silence et l’obéissance. La solitude et le silence sont la clôture de l’âme. “ Pendant que le silence enveloppait la terre ”, le Fils de Dieu est descendu ici-bas ; c’est ainsi qu’il descend dans notre âme, qu’il aime environner de silence et de solitude. Dans l’agitation du monde, la voix de Dieu ne se fait pas entendre. L’obéissance est une condition préalable pour devenir enfants de Dieu. La désobéissance a introduit le péché sur la terre. L’obéissance du Fils de Dieu, portée jusqu’à la mort, nous a valu la Rédemption et le ciel. 

2. Saint Paul : jour de mort (d’après le martyrologe) : 15 janvier 347, à l’âge de 113 ans. Tombeau : reliques insignes à Rome (Saint Pierre et Sainte Marie du Capitole). Image : On le représente en ermite, vêtu de feuilles de palmier, et avec un corbeau. Sa vie : Paul “ le premier ermite ” (il est rare que le Missel et le Bréviaire fassent une mention particulière comme celle-ci) est le porte-étendard de ces hommes courageux qui, par amour pour le Christ, quittèrent le monde et peuplèrent le désert où ils s’adonnèrent à la contemplation, au milieu de toutes sortes de privations. Les ermites furent les grands suppliants dans ces jours terribles où l’Église devait, dans des combats violents, se défendre contre les hérésies. Pendant des siècles, leur exemple fut l’école de la perfection chrétienne. Ils furent les précurseurs de la vie monastique et religieuse dans l’Église. Le bréviaire raconte cette légende édifiante au sujet de saint Paul : Un jour, saint Antoine, un vieillard de quatre-vingt dix ans, vint le visiter sur l’ordre de Dieu. Bien qu’ils ne se connussent pas, ils se saluèrent cependant par leurs noms et s’entretinrent de conversations spirituelles ; alors le corbeau qui avait coutume d’apporter à Paul. un demi-pain, apporta un pain entier. Quand le corbeau se fut éloigné, Paul dit : “ Vois, le Seigneur qui est vraiment bon et bienveillant, nous a envoyé de la nourriture. Il y a déjà soixante ans que je reçois,. tous les jours un demi-pain, mais, à ton arrivée, le Christ a doublé la ration de ses soldats. ” Ils prirent donc, en remerciant Dieu, leur nourriture auprès d’une source, et, après avoir pris un peu de repos, ils offrirent de nouveau leurs actions de grâces au Seigneur, comme ils avaient toujours coutume de le faire, et passèrent toute la nuit dans les louanges de Dieu. Le lendemain, de bonne heure, Paul révéla à Antoine sa mort imminente et le pria de lui apporter le manteau qu’il avait reçu de saint Athanase, pour l’ensevelir dedans. Lorsque Antoine revint de ce voyage, il vit l’âme de Paul, entourée d’anges et au milieu du chœur des Prophètes et des Apôtres, s’envoler au ciel. — Saint Jérôme écrivit, en 376, la vie du premier ermite. 

3. Saint Maur. — Jour de mort : 15 janvier 565. — Tombeau : à Glanfeuil (St-Maur-sur-Loire). Image : en bénédictin, auprès de saint Benoît, ou bien au moment où il sauve l’enfant Placide. Sa vie : Maur fut un des plus célèbres disciples de saint Benoît. Il fut amené tout enfant par son père, en même temps que Placide, au patriarche des moines pour être élevé en vue de la vie monastique. Un épisode de sa vie nous montre quelle était son obéissance enfantine. Le jeune Placide se hâtait un jour vers la mer. Avec un zèle actif, mais aussi de l’étourderie juvénile, Placide s’acquittait de la tâche qui lui avait été confiée. Il se précipitait vers la mer pour puiser de l’eau, mais il se pencha trop en avant pour puiser plus vite, et le poids de la cruche, qui s’emplissait rapidement, l’entraîna dans les flots. Déjà les vagues l’entraînaient, à la distance d’un jet de flèche, loin de la rive. Saint Benoît qui était dans sa cellule connut immédiatement le danger et appela Maur qui était sans doute occupé dehors : “ Cours aussi vite que tu pourras vers la mer, Placide est tombé à l’eau. ” Avec la bénédiction du Père vénéré, Maur se précipite, saisit l’enfant par les cheveux et le ramène à terre. Quelle ne fut pas son effroi quand, après avoir mis Placide en sûreté, il constata qu’il avait marché pendant plusieurs pas sur les flots. Seul l’ordre de son maître avait pu opérer ce miracle[1]. L’opinion d’après laquelle Maur fut plus tard abbé de Glanfeuil, en France, ne peut pas se démontrer historiquement. 

4. La messe (Justus ut palma). — La messe reflète d’une manière très belle la vie de saint Paul. Quand, à l’Introït, on le compare à un palmier, nous nous souvenons de sa vie dans le désert où le palmier lui fournissait vêtement et nourriture (de même le Graduel). L’Épître est très belle, c’est un des plus sublimes passages de saint Paul. “ Ce qui était pour moi un gain, je l’ai regardé à cause du Christ comme une perte... tout me semble une ordure, afin que je gagne le Christ... en lui devenant semblable dans la mort pour parvenir à la résurrection. ” L’Évangile aussi est une des plus belles pages de la Sainte Écriture. Le Christ y trace son propre portrait. D’une part il est Dieu, d’autre part il est le Sauveur miséricordieux, dans son humilité et sa douceur. “ Venez tous à moi, vous qui êtes fatigués... et je vous soulagerai. ” Cela se réalise au Saint-Sacrifice, mais nous devons, par contre, réaliser à l’Offrande cette parole : “ Prenez mon joug sur vous. ” Considérons qu’à l’Épître c’est notre saint qui parle ; à l’Évangile, c’est Notre-Seigneur. Tous les deux se sont caractérisés d’une manière merveilleuse. Avec les sentiments de l’Épître, approchons-nous, au Saint-Sacrifice, du Seigneur et du Sauveur de l’Évangile. 
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[1] Cet épisode est raconté par saint Grégoire le Grand dans ses poétiques “ Dialogues ”.