13 JANVIER - Jour Octave de l’Épiphanie.

Le Roi purifie son Épouse dans le Baptême.

1. Premières impressions. — Aujourd’hui, l’Église célèbre le second mystère de la fête de l’Épiphanie, le Baptême de Notre-Seigneur, un événement d’une importance capitale dans la vie du Sauveur. Le Baptême du Christ est avant tout une phase marquante de son activité rédemptrice. Nous avons déjà célébré toute une série de ces événements rédempteurs : l’Incarnation (missa aurea), la Nativité, la Circoncision, la majorité. Par le Baptême, Notre-Seigneur reçoit, au début de sa vie publique, la consécration de sa mission et il annonce en même temps, dans l’action symbolique du Baptême, la Rédemption de l’humanité par sa satisfaction offerte à notre place. Lui qui est sans péché, se couvre des péchés du monde, descend dans les flots purificateurs et conduit les hommes à la filiation divine. N’oublions pas que le Baptême du Christ est un acte par lequel le Christ se substitue à nous. Il vient au Jourdain pour nous. Il faut donc aussi que, dans notre Rédemption subjective, cet événement se réalise en nous. Il se réalise trois fois. 

Il s’est réalisé dans notre baptême : alors nous avons été plongés dans l’eau avec Notre-Seigneur, nous sommes morts et nous avons été ensevelis avec lui ; puis nous nous sommes relevés et pour la première fois le ciel s’est ouvert au-dessus de nous, le Saint-Esprit est descendu dans notre âme et, pour la première fois, le Père céleste nous a nommés enfants de Dieu. 

Le Baptême de Notre-Seigneur se réalise une seconde fois à la messe : la mort du Christ est l’eau sacrée où je me plonge ; alors le ciel s’ouvre, l’Esprit du Christ descend sur moi à la Communion et le Père céleste m’assure, par le gage de l’Eucharistie, de ma filiation divine renouvelée et accrue. 

Le Baptême du Christ se réalisera en nous une dernière fois à notre mort : la mort aussi est un baptême qui nous fait plonger dans les flots sombres. Quand nous nous relèverons, les cieux s’ouvriront vraiment, nous verrons la Sainte Trinité non seulement par la foi mais dans la vision claire. 

Nous pouvons aujourd’hui voir se dessiner les grandes lignes de l’édifice spirituel de la vie chrétienne : la mort du Christ est le fondement sur lequel bâtissent le Baptême et l’Eucharistie, le sommet est le retour du Christ dans la mort. 

2. La messe (Ecce advenit). — Dans sa disposition actuelle, elle manque d’unité, car la plupart des textes, notamment les chants et la leçon, ont rapport au mystère des Mages, alors que l’Évangile traite du Baptême de Notre Seigneur. Il est à remarquer que l’Évangile ne renferme pas le récit détaillé du Baptême du Christ, d’après les Synoptiques, mais est un extrait de saint Jean, qui fut disciple du Précurseur. Saint Jean ne parle qu’incidemment de cette sublime manifestation. Par contre, c’est précisément dans ce passage qu’est mise en lumière l’importance du Précurseur. Saint Jean-Baptiste est en effet le paranymphe de l’Église. Il a, pendant l’Avent, préparé l’Épouse à recevoir le divin Époux ; aujourd’hui “ il se tient là et se réjouit de tout cœur d’entendre la voix de l’Époux ” ; il dit : “ cette joie m’a été accordée largement. Il faut qu’il grandisse et que je diminue. ” Le Christ en effet va maintenant grandir, comme le soleil qui monte au zénith, jusqu’à la Pentecôte, mais nous n’entendrons plus parler du Précurseur avant que le soleil ne s’incline à l’horizon. Le Christ est l’Époux, l’Église est l’Épouse et Jean-Baptiste est l’humble et chaste ami de l’Époux vers qui il conduit l’Épouse et tous les trois forment un seul groupe. Les Oraisons propres sont très belles et riches de pensées. Elles traitent toutes les trois de l’“ apparition ” de la divine “ lumière ” (elles sont vraisemblablement les plus anciennes oraisons de la fête principale). La Collecte demande que nous soyons transformés dans le Christ qui a pris notre nature. La Secrète est une véritable oraison d’Offrande : le Christ, le Fils unique de Dieu, est l’auteur de notre Offrande et c’est lui aussi dont la miséricorde la reçoit. La Postcommunion présente elle aussi une grande richesse de pensées : que Dieu nous prévienne avec la lumière céleste (de la grâce) afin que par le mystère de l’Épiphanie, que nous avons célébré, nous puissions le contempler avec des regards purs et le recevoir avec des dispositions dignes. 

3. La prière des Heures. — Saint Grégoire de Nazianze, en des termes d’une grande beauté et d’une grande profondeur, nous parle du Baptême du Christ : “ Le Christ est illuminé ou plutôt il nous illumine de sa lumière. Le Christ est baptisé ; descendons dans l’eau avec lui, afin que nous puissions remonter avec lui. Jean baptise ; Jésus vient pour être baptisé, peut-être veut-il que le Baptiste lui-même soit enseveli avec lui dans les flots, en tout cas, il veut y ensevelir toute la postérité d’Adam. Mais avant tout, il veut par : son Baptême sanctifier les eaux du Jourdain. Lui-même était chair et Esprit. Dans l’Esprit et dans l’eau, -doivent désormais être sanctifiés ceux qui seront baptisés. Le Baptiste se refuse à baptiser, mais Jésus insiste : “ Il est nécessaire que je sois baptisé par toi. ” Ainsi la lueur parle au soleil, la voix (de celui qui crie dans le désert) parle à la “ Parole ” de Dieu. Jésus sort de l’eau entraînant avec lui le monde tombé et le relevant. ”