“ Salut, Etoile de la mer. ”
1. Le Saint Nom de Marie. — “
La fête du Saint Nom de Marie ; cette fête fut instituée par le pape
Innocent XI après la magnifique victoire remportée sur les Turcs, avec
l’assistance de la Très Sainte Vierge, sous les murs de Vienne (1683). ” (Martyrologe).
— La fête a une triple signification : elle nous rappelle l’un des
noms qui nous sont le plus chers, c’est une véritable fête de famille pour
l’Église et, enfin, c’est une fête d’action de grâces. a) Dans la
liturgie et dans la Bible, le nom a une signification beaucoup plus pleine que
dans le langage profane moderne ; il exprime la nature, la personnalité.
Les personnages de l’histoire sainte qui ont joué un rôle important ont reçu de
Dieu un nom plein de sens. Nous pouvons donc deviner que le nom de Marie donné
à la mère de Dieu n’a pas été pris au hasard, mais qu’il lui a été attribué par
une intention spéciale de Dieu. Le nom de Marie est pour nous, chrétiens, un
sacramental. Il fut invoqué et honoré de tout temps avec la plus grande
ferveur. Quoi d’étonnant que les docteurs de l’Église et les auteurs spirituels
aient cherché à interpréter et à glorifier ce nom ? Dans la liturgie, le
nom de Marie a plusieurs sens ; il signifie “ Protectrice ”,
“ Souveraine ” (saint Pierre Chrysologue, au troisième nocturne), “ Étoile
de la mer ”. La prière des Heures a précisément donné à ce dernier sens une
très grande extension (bien que la science linguistique le tienne pour
insoutenable). C’est sur lui que saint Bernard édifie le beau sermon que nous
entendons aujourd’hui au second nocturne. De même dans l’hymne gracieuse des
vêpres, l’Ave maris stella, “ cette violette odorante de l’hymnographie latine
” (Drèves), ce sens est maintenu et expliqué dans la troisième strophe. b) Mais
notre fête est aussi la fête de la grande famille de Dieu. Comme Mère de Dieu,
Marie est aussi la mère de la chrétienté. De même que nous avons célébré il y a
quelques jours l’anniversaire de sa naissance, nous célébrons aujourd’hui sa
fête patronymique, et un certain nombre de nos sœurs célèbrent cette fête avec
leur grande patronne. c) Mais n’oublions pas que c’est aussi une fête
d’action de grâces que nous solennisons. C’est aujourd’hui (le 12 septembre
1683) que Vienne a été heureusement et presque miraculeusement délivrée du joug
des Turcs. Le pape Innocent XI a institué la fête d’aujourd’hui en action de
grâces pour la victoire remportée par la croix sur le croissant grâce à
l’intercession de Marie. Bien que cette victoire
intéresse en premier lieu l’Autriche, elle ne peut cependant laisser
indifférente l’Europe centrale tout entière, car la chute de Vienne aurait
transformé les pays de langue allemande en province turque !
2. La Messe est composée de parties empruntées aux messes
usuelles de la Sainte Vierge (v. Appendice, p. 978). A l’Introït, nous saluons
le visage de la Mère de Dieu qui nous conduit au Christ Roi, et nous chantons
le cantique nuptial. Les trois processions (Intr., Off., Comm.) sont des
cortèges nuptiaux qui vont en progression toujours ascendante. Dans la Leçon,
c’est la sagesse qui nous parle par la bouche de Marie. L’Evangile nous
conduit dans la petite maison de Nazareth où nous sommes les témoins du
mémorable entretien de l’ange avec Marie. A l’Offertoire, nous chantons
l’“ Ave ”, l’immortelle salutation. A la Communion, nous
participons à l’honneur de la Mère de Dieu, car à nous aussi s’applique cette
parole : “ Bienheureuses les entrailles de la Vierge Marie qui ont porté
le Fils du Père éternel. ”
3. La prière des Heures. — Saint Bernard parle à l’office de matines : “
Et le nom de la Vierge, dit l’évangéliste, était Marie. Disons quelques mots de
ce nom qui signifie Étoile de la mer et qui convient parfaitement pour désigner
la Vierge et la Mère. On peut très bien la comparer à une étoile, car, de même
que l’étoile émet son rayon sans subir elle-même aucun dommage, ainsi la Vierge
a mis son Fils au monde sans subir aucune souillure. Le rayon ne diminue
pas la clarté de l’étoile, ni le Fils de Marie la parfaite virginité de
celle-ci. Elle est donc cette noble étoile qui, s’étant levée de Jacob,
illumine l’univers de ses rayons dont l’éclat brille au-dessus de tous les
autres au firmament, qui pénètre jusqu’aux abîmes et qui éclaire aussi la
terre. Elle est, dis-je, l’étoile illustre et splendide qui s’élève au-dessus
de cette vaste mer, brillant par son exemple.Ô vous tous qui êtes ballottés sur
la mer de la vie temporelle au milieu des tempêtes et des orages plutôt que
vous ne marchez sur la terre ferme, ne quittez pas des yeux cette Étoile
lumineuse si vous ne voulez pas être engloutis par la tempête. Si les tempêtes
des passions se lèvent, si vous heurtez les écueils des tribulations, regardez
l’Étoile, invoquez Marie ! Si vous êtes frappés de côté et d’autre par les
vagues de l’orgueil, de l’ambition, de la haine, de la jalousie, regardez
l’Étoile, invoquez Marie ! Si la colère, la cupidité ou les attraits du
plaisir charnel secouent votre barque, regardez Marie ! Si vous êtes
troublés par la grandeur de vos crimes, confondus par la laideur de votre
conscience, si vous risquez d’être engloutis par l’abîme de la tristesse et par
les remous du désespoir, pensez à Marie, invoquez Marie ! Que son nom n
quitte pas vos lèvres, ne quitte pas votre cœur ! Et, afin d’obtenir son
puissant suffrage, suivez ses exemples ! Si vous la suivez, vous ne vous
égarerez pas ; si vous la priez, vous n’aurez pas à désespérer ; si
vous pensez à elle, vous ne pécherez pas ; si elle vous tient, vous ne
tomberez pas ; si elle vous protège, ne craignez rien ; si elle vous
guide, vous ne vous fatiguerez pas ; si elle vous est favorable, vous parviendrez
au but ; et alors vous sentirez vous-mêmes par expérience combien l’on a
raison de dire : le nom de la Vierge était Marie. ”