12 JUILLET - Saint Jean Gualbert, Abbé (double). Les Saints Nabor et Félix, Martyrs.

Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.
     
Le jour présent est placé sous le signe unique de l’amour des ennemis. L’Église se plaît à mettre en relief la remarquable vertu d’un saint et à la proposer à notre imitation. La vie de notre saint offre un exemple de l’amour des ennemis poussé jusqu’à l’héroïsme.
     
1. Saint Jean. — Jour de mort : 12 juillet 1073. Tombeau : à Passignano, monastère près de Florence. Vie : Le saint (né vers 995) descendait d’une illustre famille de Florence. Son père le destinait à l’état militaire ; il arriva alors que son frère unique, Hugues, fut tué par un de leurs parents. Un jour de Vendredi Saint Jean, qui était accompagné d’hommes en armes, rencontra le meurtrier désarmé dans une gorge étroite, de telle sorte que ni l’un ni l’autre ne pouvaient fuir ; celui-ci se jeta aux pieds de Jean en mettant les bras en croix. Jean, extrêmement surpris à cette vue, lui laissa la vie sauve et l’adopta comme frère ; puis il poursuivit sa route jusqu’à l’église Saint-Minias où il pria avec ferveur devant l’image du Crucifié qui parut incliner la tête vers lui. Bouleversé par cet événement, Jean résolut, malgré l’opposition"de son père, de consacrer sa vie à Dieu ; il coupa lui-même sa chevelure et revêtit le costume des moines. En peu de temps il atteignit une telle perfection que sa vie et ses œuvres devinrent un modèle pour les autres. Il est le fondateur de l’Ordre de Vallombreuse, une branche de l’Ordre des Bénédictins.
     
2. La messe (Os justi). — La messe est celle du commun des Abbés (v. Appendice, p. 792), avec l’évangile propre de l’amour des ennemis. Le Christ dit dans le sermon sur la montagne : “ Vous avez appris qu’il a été dit : aimez votre prochain et haïssez vos ennemis. — Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent et qui vous calomnient ; car vous êtes les enfants de votre Père céleste qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants et qui fait tomber la pluie sur les justes et sur les pécheurs ”. Faisons aujourd’hui un sérieux examen de conscience sur notre amour pour nos ennemis ! Souvenons-nous que presque chaque jour l’Église fait donner le baiser de paix avant la communion : c’est là un grave avertissement d’avoir à vivre en paix avec tous les hommes avant de recevoir le Prince de la paix dans notre cœur. Que l’amour des ennemis soit aujourd’hui l’offrande que nous apporterons au Saint-Sacrifice et la grâce que nous en retirerons.
     
3. Les saints Nabor et Félix. — “ A Milan, la mort des saints martyrs Nabor et Félix qui souffrirent au cours de la persécution de Maximien. Les saints étaient deux soldats chrétiens qui servaient dans les légions de l’empereur Maximien Hercule ; accusés de professer la foi des chrétiens, ils furent traduits devant les juges à Milan, et décapités à Lodi (Italie), en 303 ou 304. Les restes des saints martyrs furent déposés à Milan ” (Martyr.). Au XIIe siècle, lorsque l’empereur Frédéric Barberousse eut conquis Milan, il donna les corps des saints Nabor et Félix à l’archevêque de Cologne, Reinald. Celui-ci les fit aussitôt transporter à Cologne avec les corps des trois saints rois mages. Ils y sont encore conservés dans une magnifique chapelle de la cathédrale.
     
4. La prière des Heures nous offre un commentaire de saint Jérôme sur l’évangile de l’amour des ennemis : “ Beaucoup interprètent les commandements de Dieu d’après leur propre faiblesse et non d’après les actes de force que les saints ont accomplis, et s’imaginent qu’il est impossible d’obéir à ces commandements. Aussi affirment-ils qu’il suffit, pour être vertueux, de ne pas haïr ses ennemis ; mais, d’après eux, aimer ses ennemis serait un commandement dépassant les forces de la nature humaine. On doit pourtant savoir que le Christ n’a rien commandé d’impossible, mais qu’il a imposé seulement ce qui est parfait. Telle fut la conduite de David à l’égard de Saül et d’Absalon ; le martyr saint Étienne pria aussi pour ses ennemis qui le lapidaient, et"-saint Paul désirait être condamné pour ses persécuteurs. C’est aussi ce qu’enseigna et ce que fit Jésus : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Quand il s’agit d’exercer toute autre bonne œuvre que l’amour, on peut alléguer une excuse et dire que l’on n’est pas en état de jeûner, de garder la virginité, de distribuer ses biens aux pauvres. Mais quand il s’agit d’aimer ses ennemis, on ne peut fournir de pareilles excuses ; vous ne pouvez pas dire : je ne puis pas aimer mon ennemi ”