12 FÉVRIER - Les sept Saints Fondateurs de l’Ordre des Servites

Voyez comme c’est réjouissant quand des frères vivent pacifiquement ensemble.

1. Les Sept Saints Fondateurs. — Un spectacle rare parmi les hommes : sept hommes de famille distinguée quittent le monde et vivent ensemble dans la concorde fraternelle. Il semble que ces sept corps sont animés par une seule âme : la même vertu et la même piété les unit. Bien plus, ils sont restés unis après leur mort. Leurs ossements qui reposent dans le même tombeau sont tellement mêlés ensemble qu’il est impossible de les distinguer les uns des autres. Ils sont les fondateurs de l’Ordre des Servites qui s’est donné la mission particulière de cultiver l’esprit de pénitence et de s’adonner à la méditation de la Passion de Notre-Seigneur et des sept douleurs de Marie. Conformément à son esprit d’humilité, cet Ordre n’exerça pas d’action bruyante et sensationnelle, mais, dans le domaine des missions intérieures, il a fait de grandes choses ; parmi des millions d’hommes, il a réveillé et ranimé le culte de Notre-Dame des sept Douleurs. 

Le bréviaire raconte : Dieu suscita, au milieu des rivalités de partis, sept hommes de la noblesse de Florence. En l’an 1223, ils priaient un jour, avec grande ferveur, dans une réunion. Alors apparut à chacun d’entre eux la Mère de Dieu, qui les exhorta à mener une vie plus parfaite. Ils firent part de ceci à l’évêque de Florence. Sans tenir compte de leur noblesse ou de leur richesse, ils mirent sous leurs habits pauvres et usés, une ceinture de pénitence et se retirèrent, le 8 septembre, dans une petite maison de campagne, pour inaugurer une vie plus sainte, le jour où la Mère de Dieu a commencé sa vie sainte. Peu de temps après, ces sept hommes allaient de porte en porte, dans les rues de Florence, pour demander l’aumône. Il arriva que soudain des voix d’enfants les acclamèrent : Serviteurs de Sainte Marie. Parmi ces enfants se trouvait saint Philippe Benitiqui venait d’entrer dans son cinquième mois. Ce nom crié par les enfants, leur — resta dans la suite pour toujours. Plus tard, ils se retirèrent dans la solitude, sur le Monte Scénario et s’y donnèrent pleinement à la méditation et à la pénitence. Leur tombeau est sur le Monte Scénario. — Léon XIII canonisa ces saints fondateurs et, en 1888, institua leur fête. 

2. La messe (Justi). — Ce formulaire de messe récent et propre n’observe pas toujours les anciennes règles liturgiques[1], mais il trahit le goût classique de Léon XIII. Il reflète la vie des sept saints. A l’Introït, nous entendons l’éloge commun des “justes” “et on nous rappelle, en même temps, que ce sont les enfants de Florence qui leur ont donné leur nom. C’est pourquoi aussi, nous récitons le ps. 8 dans lequel il est dit : “ De la bouche des enfants et des nourrissons tu t’es procuré la louange. ” Dans l’Oraison, l’Église se réjouit d’avoir été, par les saints fondateurs, enrichie d’une nouvelle famille et elle indique en même temps le but principal de l’Ordre : la méditation des sept douleurs de la Sainte Vierge. La Leçon célèbre “ les hommes glorieux et nos pères qui ont accompli tant de grandes choses et nous ont laissé, à nous leurs descendants, un magnifique exemple. ” A l’Évangile, c’est le Seigneur lui-même qui leur promet la récompense, parce qu’ils ont “ tout quitté pour le suivre ”. “ La récompense du centuple et la vie éternelle ”, ils en jouissent maintenant. A l’Offertoire, nous voyons les saints sur le mont Scénario où ils offrent un sacrifice agréable à Dieu. A la Communion, nous voyons mûrir les fruits dont la semence a été jetée dans les fatigues et dans les larmes. Ces fruits, nous pouvons les cueillir, nous aussi, dans la communion ; à la fin, nous demandons de nous tenir comme les saints Fondateurs “ avec Marie au pied de la Croix, pour recueillir le fruit de la Rédemption ”. Le bréviaire dit : “ Un seul amour de véritable fraternité et de vie religieuse commun les avait unis, un seul tombeau les renferma quand ils furent morts, un seul culte populaire leur fut décerné. C’est pourquoi les papes Clément XI et Benoît XIII confirmèrent le culte qu’on leur avait rendu en commun au cours des siècles. ” 
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[1] Schuster : Liber Sacramental, T. VI, p. 209.